Initié cette année par la Cité du design de Saint-Étienne, le cycle d'exposition Présent >< Futur met en lumière une nouvelle génération de designers, dont la diversité des approches et les modes d'expression et de recherche foisonnants expriment toute la richesse du (ou peut-être devrait-on dire "des") design(s) pratiqué(s) aujourd'hui en France, et en Europe plus largement.
Avec Vrai ou FAUVE, c'est la créatrice Laureline Galliot qui inaugure ce cycle, invitant le public à entrer dans ce qu'elle nomme elle-même son « laboratoire », imaginé ici à la manière d'un ensemblier. Il mêle prototypes et produits édités, où peintures digitales, tapis, objets, textiles, vêtements ou encore papiers peints sont le fruit hybridé de manipulations formelles au potentiel presqu'infini, et dont le point de départ est la couleur. Ainsi, le titre qu'elle a choisi synthétise, non sans humour ni facétie, son mode opératoire simultanément primitif et high-tech, traditionnel et futuriste.
Vrai renvoie au rôle de la copie, de l'emprunt ou de la citation dans le processus de création, mais aussi à celui des outils et savoir-faire qui le permettent.
Quand FAUVE exprime la place de la peinture dans son approche, en particulier fauviste, reproduite un temps au pinceau puis numériquement, comme « hackée », avec tout ce que mot emprunté à la piraterie informatique peut véhiculer. Mais ici, c'est pour mieux faire fusionner gestuelles ancestrales et contemporaines.
« Peindre, explique-t-elle, c'est regarder sa main faire. Je copie les tableaux et je laisse se produire des écarts d'interprétation propres à l'outil que j'emploie : la tablette. Transposer la gestuelle des peintres dans un langage numérique m'a permis de révéler les écarts entre les différentes esthétiques picturales. En faisant ainsi, j'ai pu montrer le caractère innovant du geste numérique, car il permet un type de dépôt de la couleur singulier et, de fait, il va induire un répertoire de formes qui lui est propre. »
Un imaginaire qui lui est propre aussi. Et permettre de construire un monde. Un monde hybride, avec son propre langage ornemental ou décoratif. Son langage libre. Et puis un monde en soi, éminemment sensible. Un merveilleux monde, à parcourir absolument !