Rédigé par Raphaëlle Saint-Pierre | Publié le 04/07/2023
Au coeur d’un ancien quartier de pêcheurs de Biarritz, Aurore Dehez- Bénac a donné une nouvelle personnalité à une maison des années 1960. Si son intervention est quasi invisible de l’extérieur, l’architecte a apporté ampleur et douceur à l’intérieur, en privilégiant les matériaux naturels et les teintes douces.
Il y a quelques années, Aurore Dehez-Bénac avait réaménagé un appartement de Biarritz en résidence secondaire pour Élisabeth et Roland. Dans la foulée du premier confinement, le couple de quarantenaires parisiens décide de passer encore plus de temps sur la côte basque, notamment en télétravail pendant les vacances scolaires de leurs trois enfants. Ils rappellent leur architecte après avoir acquis une villa des années 1960 dans le quartier Bibi Beaurivage, à deux pas de la plage. La bâtisse est un peu passe-partout, avec son soubassement en pierre, ses façades blanches enduites et son très petit jardin, mais elle possède deux niveaux en rez-de-jardin surélevé et sous-sol semienterré, de 140 mètres carrés chacun et dotés de généreux
volumes.
DONNER UN RÔLE AU JARDIN
« J’aime particulièrement les projets de rénovation, notamment par éthique car le Pays basque est déjà bien assez construit », explique Aurore Dehez-Bénac, qui est originaire des Landes. Dotée d’une double formation en arts appliqués et en architecture, elle a ouvert en 2018 son agence, A2 Architectes, dans la ville ultra-prisée de Biarritz. Aurore intervient avec parcimonie sur les façades de la maison d’Élisabeth et Roland. Elle se contente de dessiner de nouvelles ferronneries pour les garde-corps et la grille de la porte d’entrée, dont le motif plutôt années 1930 donne du caractère à la villa. « J’ai mis en valeur les très belles ouvertures cintrées d’origine », souligne l’architecte en présentant les fenêtres ayant remplacé les anciennes menuiseries. Elle agrandit également la porte-fenêtre du salon et offre ainsi une vue dégagée sur la terrasse qui surplombe le nouveau bassin de nage d’1,90 mètre de large sur 11 mètres de long. Un coin de fraîcheur bien apprécié qu’elle parvient en effet à faire creuser dans l’étroite lanière de terrain située à l’arrière de la bâtisse. Puis, elle relie par un petit escalier le rez-de-chaussée sur-élevé de la maison à la plage de la piscine.
SÉQUENCER L’ESPACE SANS LE FERMER
« Au rez-de-chaussée, j’ai voulu être rationnelle, ne pas repartir de zéro. J’ai donc conservé tout ce qui était valable, comme le cloisonnement des chambres. » En revanche, Aurore n’hésite pas à restructurer les espaces de vie en ouvrant l’entrée, la cuisine et le salon. Elle fait abattre une partie des murs porteurs et met en valeur les poteaux et les poutres en béton pour rythmer ce grand volume de plus de 3 mètres de hauteur sous plafond. La trame constructive de cette intervention est alors soulignée par un dessin de sol assumé. Des bandes de
briquettes en terre cuite de Toulouse sont ainsi disposées entre le carrelage et le parquet afin de souligner la structure et de délimiter les différentes fonctions des espaces. Elle décide de remplacer les cloisons qui encadraient l’escalier menant au niveau bas par des vitrages qui laissent pénétrer la lumière naturelle au coeur de la maison. Et pour éviter les séparations en plâtre, elle dresse des colonnes de rangement en chêne à des emplacements visuellement stratégiques. Les portes en chêne massif à galandage du bureau, qui peuvent
s’ouvrir entièrement, permettent ainsi à Roland de profiter de la cheminée du salon tout en travaillant.
UNE AMBIANCE BALNÉAIRE
« J’ai cherché à apporter un côté balnéaire à la maison en ajoutant beaucoup de rondeur dans le dessin du mobilier intégré pour rééquilibrer ce grand volume très rectiligne », raconte Aurore Dehez-Bénac. Elle adoucit alors les angles des murs par l’installation d’éléments menuisés et dessine un discret défonçage en partie haute des portes, faisant écho aux ouvertures cintrées de la façade. Partout, elle sélectionne des teintes poudrées et des matériaux naturels comme le bois et la terre cuite. Pour traiter la cuisine intimement liée au salon et jouer la sobriété et l’élégance, elle habille de zelliges un petit renfoncement difficile à traiter afin de lui donner de la brillance. « Pour ce projet, j’ai mené une réflexion approfondie sur la matière, en étroite collaboration avec Delphine Laporte et Samir Mazer d’Ateliers Zelij. Rares sont les fournisseurs à être si proches des prescripteurs à mon échelle ! », apprécie l’architecte.

L’architecte a privilégié les matériaux naturels et chaleureux, comme le chêne qui se retrouve
sur les colonnes de rangement, le passe-doigts des meubles de cuisine et la structure de la verrière
de l’escalier menant au niveau bas. Les carreaux marocains illuminent le renfoncement dédié à la cuisson.


Aurore Dehez-Bénac a tout dessiné dans les moindres détails : les bibliothèques aériennes sans fond ni montants latéraux du bureau, la
nouvelle cheminée, la banquette en béton ciré du salon et les garde-corps des portes-fenêtres.


L’architecte a décliné le principe des ouvertures cintrées mises en oeuvre sur la façade d’origine. Dans la chambre des parents, elle
a conservé la tête de lit existante et a installé des claustras en briques de terre cuite, laissant
ainsi la lumière pénétrer dans la salle de bains en béton ciré.