Bienvenue dans le Queensland, partie septentrionale au nord-est de l’Australie. Et plus précisément à Bulimba, petite banlieue côtière de Brisbane, où les températures moyennes varient de 23 à 36 degrés toute l’année, avec des pointes pouvant dépasser les 40 degrés entre janvier et février ! L’architecture locale s’est donc adaptée à ces conditions extrêmes, symbolisée par le fameux style Queenslander né au milieu du XIXe siècle et qui rythme nombre de bâtiments en bois de la région. Ainsi, les maisons locales sont parfaitement reconnaissables par leur grande véranda et leurs fenêtres à volets à lames en verre dépoli, dispositifs pensés pour faciliter l’aération et adoucir l’impétueuse lumière du soleil austral.
C’est une de ces habitations typiques que Ben et Lyndall acquièrent courant 2020, charmés par la convivialité et le calme du parc adjacent et par la rue bordée de vieux eucalyptus. Passionnés depuis toujours par les rénovations de ce type de biens, ils font appel, comme pour leurs projets précédents, aux architectes de DAHA pour réinterpréter l’esprit originel de la résidence et imaginer sa transformation en un lieu d’épanouissement idéal pour leur fils, né le jour même de la remise des clés ! « En mauvais état, cette maison de 1920 était un hybride asymétrique avec des pignons en saillie et le résultat de plusieurs interventions antérieures, rembobine David Hansford, directeur de l’agence. Nous avons juste conservé une partie de son squelette mais l’avons surélevée, ce qui s’est avéré un réel challenge pour ce type de construction ! » Si l’étage, fortement cloisonné, est entièrement dédié aux pièces de nuit, le rez-de-chaussée offre, lui, un « voyage spatial » qui se veut sans limite ou presque. « Le principe directeur était de créer un volume ouvert et transparent, entrelacé avec le paysage, qui maximise la ventilation et les panoramas, avec des transitions harmonieuses à peine ressenties, détaille David Hansford. Une succession d’espaces qui invitent généreusement l’extérieur à l’intérieur, et inversement. » Point central et névralgique de l’habitation, le patio avec son palmier-dattier des îles Canaries est ainsi un point de perspective pour toute la maison, et ce dès l’entrée. Associé à la piscine adjacente et à la terrasse en fond de parcelle, il dissout ainsi les frontières d’une habitation totalement traversante. Un vide fonctionnel autour duquel est organisée toute la composition, qui laisse aussi mieux circuler l’air et la lumière, assure une relation fusionnelle avec les éléments alentour et (r)éveille ainsi les sens. De la découpe d’un carré de ciel aux effluves épicées des fleurs d’eucalyptus, du chant des oiseaux à la texture singulière du palmier, c’est un lieu d’enchantement permanent, qui évolue au fil de la journée mais aussi des saisons. Comme immergée en pleine nature, « c’est une maison qui respire, largement ouverte pour offrir une réponse parfaite aux caractéristiques subtropicales, tout en maintenant une certaine intimité dans un contexte urbain dense », résume l’architecte. C’est aussi une certaine éloge du vide, pour mieux remplir de souvenirs une vie qui (re)commence.