État des lieux
Lors d’une promenade à Saint-Germain-des-Prés, le paysagiste remarque, place du Québec, la sculpture l’Embâcle. Dans cette œuvre de Charles Dandelin, des plaques de bronze semblent ouvrir le trottoir de la rive gauche, comme s’il était soulevé par l’eau. Cette installation lui donne l’idée d’utiliser le sol, partie technique des terrasses rarement exploitée sur le plan créatif, pour composer un aménagement comme en mouvement… C’est donc grâce à un platelage bois déstructuré que le concepteur confère du dynamisme à ce jardin perché : « Pour moi, c’était aussi une manière d’évoquer un thème rarement abordé : l’importance du substrat dans la croissance des plantes. Ce procédé permet aussi d’implanter les végétaux à différents niveaux, qu’ils soient en pot ou jaillissent du sol grâce à des trappes ! » D’étonnantes apparitions pour une verdure théâtralisée !
La solution du paysagiste pas à pas
1. Dans cet aménagement, tout est dans le plancher, soutenu par du contreplaqué de marine pour résister aux intempéries. Sur ce revêtement est collé un calepinage de bois, qui, posé comme un puzzle, a demandé en amont de très pointilleux relevés pour garantir une implantation aux bonnes dimensions. 2. De manière à ce que leurs racines n’endommagent pas l’étanchéité, les plantes au sol ont été installées dans des bacs en inox. Pour une parfaite homogénéité, un coffrage a ensuite été réalisé dans le même bois que celui utilisé pour le revêtement : un acacia cultivé, scié et séché en Touraine, pour une démarche totalement écoresponsable ! 3. Pour pallier l’exposition nord de la terrasse, le choix des contenants s’est porté sur deux teintes vives, très brillantes : un vert et un jaune flashy. Seuls deux majestueux érables japonais ont été plantés dans des receveurs d’un brun doré. Vedettes du lieu, ils accentuent l’idée d’une terrasse « strass et paillettes » souhaitée par le propriétaire. 4. L’étroitesse du lieu a influé sur la disposition des contenants, notamment ceux des arbres les plus importants, à l’image des érables, au couvert feuillu dense et agréable. Se distinguent ainsi des zones plus ou moins ombragées, pour une variété d’ambiances surprenante sur une si petite terrasse !
Les astuces
Verdir les murs : pour donner de la profondeur à la terrasse, un mur végétalisé est installé sur une partie de la façade. Rappel de l’écorce moussue des troncs d’un sous-bois, cette évocation du fond d’une forêt amplifie la sensation d’espace à la manière d’un trompe-l’œil ! Enfin, il participe à l’idée d’une végétation reprenant partout ses droits…
Végétaux à privilégier : en raison de l’exposition du lieu, une végétation d’ombre a été choisie, comme des hostas au volumineux feuillage. Parallèlement, des plantes à floraison jaune s’harmonisent avec la couleur des contenants, à l’image des corolles dorées du millepertuis, tandis que les orangers du Mexique, qui dégagent de belles senteurs fruitées, font oublier l’air pollué de la Capitale…
Créer des effets de feuillage : dans un si petit lieu, la monotonie est évitée grâce à de jolis effets de feuillage : la rigueur du buis taillé, très frenchy et parisien, s’oppose ainsi au port sauvage et aux feuilles très fines et très découpées du Sorbaria sorbifolia, la sorbaire à feuilles de sorbier. Une végétation majoritairement persistante, pour une présence verte permanente, quelle que soit la saison !