Alors qu'ils entament les premières démarches en vue du rachat d'un appartement dans le 20e arrondissement de Paris, les futurs propriétaires et jeunes parents se lancent à la recherche de l'architecte qui les accompagnera dans leur projet de rénovation. C'est une amie à eux, elle-même architecte, qui leur présente son ancien collègue de travail Maxime Douche, de l'agence Haddock Architecture, convaincue que sa personnalité et celles de ses futurs clients feront bon ménage ! Elle est française, lui est italien. Ensemble, ils rêvent d'un nouveau foyer empruntant les codes architecturaux des maisons méditerranéennes et jettent leur dévolu sur un duplex d'environ 90 mètres carrés aux terrasses généreuses.
Bien qu'encore « dans son jus » et pas vraiment au goût du couple acquéreur, le véritable enjeu de cet appartement concerne sa réorganisation interne. Divisé en deux logements distincts par l'ancien propriétaire, le bien semble désormais inadapté à l'accueil d'une seule et même famille. Cette transformation opérée dans le temps présente un inconvénient de taille pour les futurs habitants en raison du dédoublement de chaque pièce : une cuisine à chaque niveau, deux salles de bains, un second salon… autant d'espaces spécifiques qu'il est nécessaire de transformer.
Désireux de rester fidèles à leur mode de vie, ils évoquent leur envie d'un « lieu hospitalier pour les gens qui ont le contact facile, un endroit de fête, un peu bordélique aussi » , se souvient l'architecte. Non contents de créer un séjour accueillant propre aux réceptions, une seconde partie plus intimiste complète leur cahier des charges. « Lui télétravaille quasiment exclusivement, elle aussi, de temps à autre. Ils avaient également besoin d'un bureau et d'un espace où ils pourraient se recentrer sur eux-mêmes, créer une proximité forte avec leurs enfants. »
TRANSFORMATIONS SANS LIMITE
Si l'étage supérieur ne nécessite qu'un simple décloisonnement de la cuisine et des aménagements de menuiserie peu coûteux avant d'incarner le vaste salon convivial souhaité par les propriétaires, les 45 mètres carrés du niveaux bas requièrent une réorganisation plus complexe. À l'origine des désagréments : un couloir très sombre qui desservait la véranda, le débarras et les chambres, toutes mono-orientées et non communicantes. Avec la ferme intention de rendre à cet étage toute la luminosité qu'il peut recevoir, le maître d'œuvre transforme dans un premier temps les cloisons opaques en éléments vitrés et flexibles. Dans l'imaginaire des grandes maisons italiennes, il compose un jeu de circulation par différents types de portes, à ouvrant classique ou paroi coulissante, afin d'agencer les pièces en enfilade - c'est-à-dire disposées le long de la façade et s'ouvrant les unes sur les autres. L'unique placard de l'étage, en contreplaqué bouleau, est réalisé sur mesure pour contenir tous les rangements auparavant installés dans les chambres. Cette solution d'aménagement libère de l'espace utile et permettra, dans les années à venir, d'envisager un autre usage des pièces en toute liberté.
UN TRAVAIL D'ARCHÉOLOGIE
À la première visite de l'appartement, l'architecte discerne aisément les potentiels de cet immeuble des années 1960 à l'esthétique peu engageante. Derrière un habillage de plâtre, il devine en effet la présence d'une structure poteau-poutre en béton qu'il espère suffisamment qualitative pour être dévoilée. « Pour s'assurer que le béton dissimulé derrière le revêtement soit en bon état, nous avons réalisé un sondage à travers le doublage, avant de le retirer définitivement. Ce n'était pas forcément évident de garantir au client un béton en état mais, progressivement, nous étions plutôt contents du résultat. Au début, ils attendaient un matériau parfait, mais ont finalement apprécié le béton avec ses défauts et ses imperfections Non sans une audace » ! certaine, Maxime prend le parti d'assumer les choix architecturaux des concepteurs de l'époque et de faire la part belle à ces éléments de béton en révélant la structure, brute de décoffrage. L'intervention propose ainsi un retour aux principes constructifs originels afin de rendre toute sa superbe à ce double appartement des années 1960.
Ce reportage est à retrouver dans notre numéro spécial À VIVRE#124 !
architecte Maxime Douche - Haddock architecture
www.haddock-architecture.fr
localisation Paris (20e )
date de livraison 2022
année du bâti d'origine 1960
durée des études 5 mois
durée des travaux 5 mois
surface 98m²
coût des travaux 99 000 euros HT
matériaux utilisés parquet chêne (cuisine et salon) / parquet à chants debout (chambres) / béton ciré (sol du couloir) / béton brut (structure existante) / zellige (revêtement salle de bains) / chêne, verre et contreplaqué bouleau (cloisons) / panneaux de contreplaqué bouleau (placard droit et cintré) / contreplaqué chêne et bois stratifié vert (mobilier de cuisine)
Ce projet est à visiter aux Journées d’Architectures À Vivre les 15 et 16 octobre 2022, dans le cadre des Journées nationales de l’architecture. Retrouvez l’intégralité des projets et réservez vos visites sur www.journeesavivre.fr