Ceci n’est pas un hôtel, clame Emil Leroy-Jönsson, architecte-paysagiste et fondateur du 48° Nord. Loin de son Danemark natal, mais à 50 minutes de Strasbourg seulement, il est tombé amoureux des paysages du petit village alsacien de Breitenbach au cours d’une randonnée dans la vallée de Villé. C’est accompagné par la célèbre agence norvégienne de Reiulf Ramstad (RRA), qu’il décide d'y implanter un établissement hors des standards, au sein d'une zone Natura 2000 de 2 hectares, sanctuaire privilégié de la chauve-souris Grand Murin, mais aussi de pies-grièches écorcheurs, de lézards des souches, d'orvets et d'orchidées. « Le projet architectural devait trouver un dénominateur commun entre les cultures alsacienne et scandinave, se fondre dans le paysage sans disparaître et montrer que la nature, l'écologie et la modernité sont compatibles », synthétise l'architecte Reiulf Ramstad. Inspirées des hyttes, ces petits chalets de montagne vers lesquels les Scandinaves s'échappent pour un week-end ou des vacances, les chambres sont ainsi de petits volumes épars, comme ayant poussé presque naturellement à flanc de colline. Réinterprétant l'art de la pause, ces quatorze monolithes sur pilotis, dessinés selon quatre modèles de tailles différentes, privilégient tous les matériaux naturels, produits en circuit court, et notamment le bois, issu des forêts de Breitenbach, scié et façonné dans les villages alentour.
À l'intérieur, chaque pièce de mobilier a été sélectionnée avec soin par le duo de concepteurs qui a fait appel aux éditeurs danois Hay, Houe, Woud ou encore AndTradition. L'objectif est d'épurer au maximum l'espace et la palette de couleurs pour créer une ambiance sobre et chaleureuse, mais surtout laisser place aux vues spectaculaires sur la vallée et la forêt au loin. La cuisine de la table 48° Nord naît elle aussi de cette rencontre entre l'inspiration scandinave et la mise en avant des ressources locales : les techniques ancestrales du fumage ou de la fermentation se marient aux saveurs issues entre autres du potager bio attenant ou d'agriculteurs en circuit court et sublimées par le chef Frédéric Metzger.
Habillé de tavaillons de châtaigniers, le bâtiment qui accueille la salle du restaurant - mais aussi la réception et le spa - a été bâti selon les exigences du label PassivHaus. L'isolation y est hautement performante, une ventilation double-flux récupère la chaleur et les larges ouvertures garantissent un apport important en lumière naturelle, alors que l'eau chaude sanitaire est produite grâce à un poêle à bois bouilleur et que la production d'électricité est assurée par des panneaux photovoltaïques. Dans ce projet global d'hôtel écoconstruit et écoresponsable, tout est donc pensé pour s'insérer harmonieusement dans un décor préservé sans jamais venir le perturber. Un séjour qui se veut une parenthèse enchantée hors du monde afin de renouer avec les éléments et la simplicité. « Je voulais donner aux hôtes une nouvelle idée du luxe, appuie Emil Leroy-Jönsson. Il ne réside pas dans la taille des chambres ou les équipements d 'un spa. Pour moi, il est fait de petits plaisirs. Admirer la vue, confortablement installé derrière une baie vitrée géante, par exemple. Notre idée était d'abord de diffuser un art de vivre. » Plus qu'un hôtel, c'est donc bien une expérience unique qu'offre le 48° Nord !
1048, route du Mont Saint-Odile Breitenbach (67)
hotel48nord.com, www.reiulframstadarkitekter.com