Une grande bicoque, perdue dans une forêt de bouleaux québécoise sur les rives du lac Ouareau dans lequel s'épanouissent achigans à grande bouche, perchaudes, maskinongés et autres poissons aux noms bizarres. Aucun rapport avec le synopsis du prochain opus de la série horrifique Jason : il s'agit en réalité du contexte dans lequel sont intervenus les concepteurs de l'agence canadienne ACDF Architecture pour réaliser l'extension de cette maison devenue trop étroite pour ses propriétaires, une (trop) grande famille reconstituée !
Si la question de la volumétrie est vite réglée : le nouvel édifice adopte celle de l'existant -hommage et intégration obligent ! -celle des matériaux est moins rapidement résolue. Finalement, les architectes imaginent une extension qui, vue de l'extérieur, est aussi immaculée que la neige qui tombe dans la région.
« LE TOIT DE TÔLE ET LE REVÊTEMENT DE BOIS BLANC DE L'AGRANDISSEMENT S'INSPIRENT DE L'ÉCORCE LISSE ET BRILLANTE DES BOULEAUX QUI POUSSENT SUR LE SITE, ET RAPPELLENT EN MÊME TEMPS LA PEINTURE À LA CHAUX DES GRANGES ANCESTRALES. » ACDF Architecture
Un clin d'œil au contexte qui n'empêche en aucun cas à l'extension de se distinguer de l'existant. Et c'est pour le mieux !
Dans les espaces intérieurs, l'équipe de l'agence ACDF joue des contrastes, mais non sans quelques références à l'architecture vernaculaire. Ainsi, les différentes pièces sont-elles organisées autour d'un foyer central -une disposition somme toute classique -tandis que la plupart des matériaux, comme les cadres et autres menuiseries en bois naturels confèrent à l'ensemble une touche indéniablement rustique. De quoi revendiquer une certaine filiation avec l'existant… à condition de passer outre le sol en béton, et surtout le grand pont généreusement vitré assurant la liaison entre les deux entités. Avec son plan en forme de trapèze, ce dernier constitue bien plus qu'une simple circulation : c'est une véritable pièce de vie, où les habitants peuvent s'installer, discuter, et même bouquiner tout en contemplant la nature environnante. Dernier détail, et non des moindres : le cadre en chêne imaginé par les architectes, lequel marque -et théâtralise ! - l'extrémité de cette passerelle. À l'intérieur, pas de toile, mais une vue scénarisée de la maison existante, comme un hommage, une façon pour les architectes de rappeler que sans ce volume originel, la demi-sœur qu'ils ont imaginée n'aurait jamais pu voir le jour…
► Retrouvez l'ensemble des reportages dans le Hors-série 45 : 1001 désirs d'intérieurs actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne