Un immeuble du XIXe siècle, une avenue parisienne, un jardinet glissé le long de la façade, dont le grand magnolia ne suffit pas à faire taire les bruits de moteur et la rumeur de la rue à deux pas. Pour rendre à la centaine de mètres carrés leur intimité, le propriétaire du lieu a donc fait appel au paysagiste Xavier de Chirac, avec pour mission d'isoler le banal rectangle de gazon.
Un cas d'école pour la capitale, que le concepteur a résolu en créant « un jardin dans le jardin, explique-t-il, afin de séparer l'aménagement du tumulte extérieur ». La végétation joue ici le rôle d'écran, pour un espace deux en un : dès l'entrée, une trouée de verdure appelle le promeneur, étroite allée champêtre qui conduit à une terrasse à l'abri des regards.
RÉPONSE DU PAYSAGISTE
Perpendiculaire à la rue, l'allée fleurie s'enfonce dans les frondaisons sur cinq mètres, du portail d'entrée à la porte de l'habitation, « comme une antichambre, un théâtre de verdure, qui joue le rôle de préambule à la découverte du jardin », analyse Xavier de Chirac. Bordé d'un côté par deux treillages de grimpantes -des faux jasmins et des rosiers -et de l'autre par trois hautes colonnes taillées dans le charme auxquelles succède un cyprès d'Italie, le petit chemin posé sur lames de bois progresse de topiaires de buis en massifs de fleurs, plongeant le visiteur dans un écrin de feuillages. L'étroitesse du sentier accentue l'effet de profondeur et l'ambiance luxuriante, tandis que le reste de l'aménagement se révèle par transparence à travers les buissons. Après une glycine généreuse, la perspective s'élargit soudain, et la façade de la maison apparaît, avec pelouse, terrasse et salon de jardin en bois rustique.
DÉTAILS
Dans ce jardin abondamment fleuri, les floraisons immaculées des hortensias se succèdent de saison en saison, ponctuées par des touches de bleu -iris ou céano-the selon la période de l'année. Les fleurs s'épanouissent jusque sur le magnolia présent à l'origine, désormais animé par une clématite : au début du printemps, les guirlandes étoilées de blanc de la grimpante prennent d'assaut les branches et forment un joli contraste avec le vert environnant. Côté façade, le mur s'égaye grâce à des pots en forme de flûte, blancs et métalliques, dans lesquels poussent des lauriers boule à tige tire-bouchon -comme une note de fantaisie au cœur d'une harmonie bucolique.
► Article paru dans Architectures À Vivre 109 : Mini surfaces Maxi inventions !