Pouvez-vous revenir sur votre dernier album, et sur sa relation avec le Monopolis du Starmania de Michel Berger ?
Leo Bear Creek : On a toujours été fascinés par l'œuvre de Starmania, et par son univers visuel. Pendant la préparation de notre album, on a fait un concert à Montréal, qui est la ville dont le Monopolis de Berger est inspiré, notamment en ce qui concerne les souterrains. Pour toutes ces raisons, on s'est dit que c'était cool de lui rendre hommage. Après, Vickie et moi, on est très citadins, c'est le genre de paysages que l'on aime. On est tous les deux fans de New York, de Manhattan. Au-delà de ça, je pense au clip un peu manga de Héros de la Ville, qui était très inspiré du film Akira. Ce sont des visuels qui nous inspirent à fond !
Vickie Chérie : La pochette de notre Monopolis, ce sont des bâtiments de New York, avec notamment cette tour rose, The London NYC, que je trouve très belle. Il y avait aussi la Trump Tower, mais j'ai fini par la virer...
Quel rôle peut jouer l'architecture dans vos clips, notamment dans celui d'un morceau comme Medina ?
V. C. : Ces gros plans d'immeubles ont quelque chose d'envahissant dans le bon sens du terme. On se retrouve très proche de ces façades, entouré par les gratte-ciels.
L.B.C. : On est fascinés par l'image de la ville comme une fourmilière… Si proches les uns des autres, avec pourtant nos propres rêves, nos propres histoires.
Ce décor urbain et parfois parisien, présent dès vos premiers morceaux, compose-t-il l'un de vos thèmes majeurs ?
L.B.C. : C'est un thème récurrent parce que c'est notre life, on habite en ville, donc forcément, on en parle.
V. C. : On a commencé à faire de la musique quand on est arrivés à Paris, c'est pour ça que l'on en a beaucoup parlé au début, dans les chansons.
L.B.C. : À l'époque, c'était vraiment inspirant, on était des jeunes provinciaux qui montaient à la Capitale. Maintenant, c'est peut-être moins présent.
Comment le cursus de Vickie à l'École des Arts Décoratifs de Paris a-t-il nourri votre travail ?
V. C. : J'ai mis du temps à trouver un équilibre, mais c'est aussi en étant aux Arts Déco que j'ai commencé à faire des clips. Ça m'a poussée à faire de la vidéo. Nos clips ont toujours une dimension de mise en scène, avec des dispositifs vidéographiques : je pense à Signaux , où il y a ce travelling circulaire, ou à L'Escalier , où le décor est créé de toutes pièces.
L.B.C. : L'escalier du clip a d'ailleurs été construit par un élève des Arts Déco.
Cet escalier est devenu pour vous une sorte de symbole, que l'on retrouvera caché dans vos clips suivants…
L.B.C. : Lorsque tu fais beaucoup de clips, tu peux te permettre de faire des clins d'œil à ta propre production, un peu d'autocitation. Cela participe à l'épaisseur du projet. On a une esthétique assez cohérente, c'est pour cela que l'on travaille surtout avec les mêmes personnes.
Quels lieux de la musique vous ont le plus marqués ? L'Opéra du morceau Autoroutes/Opéra, est-ce l'Opéra Garnier ?
L.B.C : Non, c'est l'Opéra Bastille ! Quand tu es dans la salle, c'est impressionnant. C'est le sénat galactique de Star Wars. Au fond, je préfère peut-être celui de Bastille, même si à l'Opéra Garnier il y a ce très beau plafond de Chagall... On a joué à la Philharmonie : de l'extérieur comme de l'intérieur, c'est une sacrée œuvre. L'Olympia, c'était très marquant, la salle est magnifique, et puis c'est beau de faire l'Olympia dans sa vie.
V. C : Il y a La Cigale, aussi...
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
L.B.C. : On finit de préparer notre album. On est assez exigeants pour celui-là, on veut vraiment avoir les bons morceaux. Au final, on va en avoir une vingtaine, et on n'aura plus qu'à choisir les meilleurs. À côté de ça, on continue de sortir des singles, qui sont des extraits de l'album à venir. Pour l'instant, San Diego/Pli du cœur et Lâcher prise sont sortis, et là il y a un morceau qui s'appelle Il n'y a que toi qui arrive.
Au fur et à mesure que vous avancez dans votre parcours, êtes-vous parfois obligés de déléguer certaines parties du travail ?
L.B.C. : Pour ce qui est de certains aspects de la musique, déléguer peut permettre d'aller plus vite parfois, par contre pour tout le reste, on a encore la main dessus : Vickie fait les pochettes, on écrit les textes, on écrit les mélodies.
V. C. : Je tiens à une cohérence, c'est pour cela que l'on bosse avec des gens qu'on connaît depuis longtemps, on a construit quelque chose ensemble, tout le monde a envie d'aller dans la même direction. Je n'ai peut-être pas le recul, mais je n'ai pas l'impression que l'on ait une recette que nous reproduisions tout le temps.
L.B.C. : Ça évolue…
V. C. : Que ce soit pour la musique ou pour la partie visuelle, c'est notre terrain de jeu à tous !
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