Si le dicton affirme que « les cordonniers sont les plus mal chaussés » , il n'en va pas forcément de même pour les architectes. Pour preuve, cette ancienne échoppe bordelaise où vit Thomas Sabatier, associé de l'atelier BAL avec Jeanne Mauvezin et Thomas Cestier. Car c'est bien la jeune agence qui est à l'origine de cette réalisation livrée en 2015 mais dont l'histoire récente remonte à 2010.
« Lorsque nous avons déménagé de Paris à Bordeaux, nous avons acheté cette maison pour nous y installer. C'était mon premier projet, une façon de tester mes capacités en conditions réelles » , détaille le concepteur.
Et pour un premier saut dans le vide, l'architecte pouvait difficilement rêver mieux, eu égard au potentiel de l'existant. « Comme toutes les maisons de cette typologie, cette échoppe était mitoyenne à ses voisines, éclairée naturellement côté rue, et en contrebas côté jardin. L'inconvénient est que ces habitations sont souvent assez sombres, car plutôt longues (entre 7 et 15 mètres). L'enjeu était donc d'optimiser les apports solaires afin d'illuminer même les pièces les plus au centre, tout en facilitant la transition entre les volumes haut et les volumes bas, inhérente au fait que le terrain soit ici en pente » , explique Thomas Sabatier.
Exploitant tous leurs atouts, parmi lesquels l'exposition - la façade sur rue est orientée au nord tandis que celle côté jardin bénéficie de l'ensoleillement du sud - les architectes n'hésitent pas à abattre leurs meilleures cartes et à jouer avec les ouvertures. Ainsi, des fenêtres de toits (simplement remises à neuf) captent la lumière septentrionale tandis qu'à l'opposé, 16 panneaux vitrés endossent le rôle de façade ouverte sur la parcelle et sa végétation.
« Venant de Paris, nous étions vraiment ravis d'avoir un vrai espace extérieur, notre objectif était donc d'être en contact visuel permanent avec celui-ci, où que l'on se trouve dans la maison » , justifie le maître des lieux.
Mais de tels procédés ne seraient rien sans une bonne organisation spatiale, et là encore, les membres de l'atelier BAL ont beau jeu, puisqu'ils exploitent au maximum les avantages apportés par l'alternance des pleins et les vides. À ce titre, le premier niveau, qui accueille un salon ainsi qu'une chambre avec dressing et salle de bains, est interrompu au milieu du plan pour laisser circuler les rayons du soleil dans la salle à manger avec cuisine ouverte aménagées en contrebas. Sous cette mezzanine se trouvent enfin les autres pièces de nuit, qui nécessitent par définition moins de lumière. Entre les deux niveaux, un escalier simplement remis en état assure une transition fluide et esthétique. En bref, voilà un pari gagné par Thomas Sabatier et ses acolytes.
⇒ Article paru dans le Hors-série 39 : Maisons de plein air !
FICHE TECHNIQUE
♦ architectes BAL (Bureau des Architectures Libres) - Jeanne Mauvezin, Thomas Cestier et Thomas Sabatier
www.bal-archi.com
♦ localisation Bordeaux (33)
♦ livraison 2015
♦ surface 170 m2
♦ matériaux pierre (escalier, murs) / ragréage béton (sols) / pin (parquet) / panneaux de peuplier (revêtement plafond) / mélèze lasuré (menuiseries) / mélèze (panneau façade)