« Les propriétaires de ce duplex souhaitaient le réhabiliter pour un investissement locatif et proposer un lieu de vie apaisé dans ce quartier parisien animé, un espace flexible avec tout le confort d'une chambre d'hôtel » : si le programme résumé par l'architecte Nathalie Eldan de l'Atelier NEA semble de prime abord assez élémentaire, le projet s'avère un challenge bien plus complexe à mettre en place dans les 27 petits mètres carrés répartis sur deux niveaux. Cette micro-maison construite en 1975 se révèle en effet presque insalubre : les murs souffrent d'humidité, s'effritent et, tout comme la toiture, ne sont pas isolés thermiquement. Une remise aux normes s'impose donc déjà sur la totalité de l'enveloppe pour assainir les lieux. Autre problématique : comment intégrer harmonieusement toutes les fonctions attendues dans une surface aussi réduite, avare en ouvertures et avec un budget restreint ?
« Mon approche conceptuelle s'est orientée vers la haute fonctionnalité pour proposer une architecture hybride et polyvalente dans ce volume très compact , explique l'architecte. Il fallait offrir le maximum d'espace en tirant le meilleur parti de chaque mètre carré, dans un souci de confort égal entre partie jour et partie nuit. » Si l'exigu rez-de-chaussée accueille l'entrée et la salle de bains, le niveau supérieur doit abriter tout le reste du programme. L'astuce réside alors dans la mise en scène peu commune et la flexibilité de l'espace chambre. Surélevé par une estrade, « dans une approche presque monumentalisée » , il est ceinturé de six panneaux coulissants en bois tissé qui offrent diverses fonctionnalités et hiérarchies d'intimité : fermés, ils offrent un cocon urbain pour lire, visionner un film ou se reposer ; semi ou complètement ouverts, ils rentrent en dialogue avec la pièce de vie, l'agrandissent visuellement, transforment la chambre en boîte de lumière élégante et subtile. Autant de possibilités pour différents scénarios de vie !
Ces écrans amovibles sont le prolongement naturel du meuble qui habille toute la hauteur du mur adjacent et qui abrite les appareils de cuisine, la buanderie, la télévision et un dressing. Le bouleau contreplaqué sert de fil directeur à ces aménagements sur mesure. « De provenance française, il a de nombreuses qualités, détaille l'architecte : il est solide et de ce fait adapté à des ouvrages structurels tels que l'escalier ou l'estrade du lit ; il est aussi très lumineux et relativement peu onéreux par rapport à d'autres essences de bois ; enfin, il a d'éclatantes qualités esthétiques qui permettent de le laisser apparent. » C'est sa teinte chaleureuse qui apporte tout son souffle à ce duplex... qui, en écho, en retrouve un second !
⇒ Projet paru dans le Hors-série 49 : 1001 idées d'architectes pour habiter demain disponible en kiosque et sur la boutique en ligne