L’occasion pour les Glasgwégiens de célébrer celui à qui ils doivent une nombre de projets, comme la Lighthouse (1894), la Glasgow School of Art (terminée en 1909), les exquis tearooms de Catherine Cranston (1896-1917), la Queen’s Cross Church (1899), ou encore la Scotland Street School (1906), tout en rappelant au monde entier leur attachement à l’architecture. Il faut dire qu’avec un tel foisonnement culturel, en particulier sur la scène musical – les artistes ACDC, Belle & Sebastian, Camera Obscura, Franz Ferdinand, May Macdonald, Mogwai et Jimmy Somerville sont tous originaires de Glasgow – l’on en oublierait presque que la ville ne produit pas que des chanteurs et autres guitaristes…
L’HÉRITAGE DES TOBACCO LORDS
Qui ouvrira un livre d’histoire locale constatera d’ailleurs que Glasgow ne devait malheureusement pas son statut de «deuxième ville de l’Empire britannique» acquis pendant l’ère victorienne aux ménestrels (c’eût été plus poétique), mais aux religieux, aux érudits et surtout aux marchands qui avaient œuvré en ce sens des années auparavant. Ainsi, la construction de sa cathédrale débute au XIIe siècle, son Université est érigée en 1451, tandis qu’au cours du XVIIIe siècle la ville devient l’un des plus grands ports européens spécialisé dans l’importation de sucre, de coton et de tabac. En cause: la capacité de ses navigateurs à rallier les Amériques deux à trois semaines plus rapidement que leurs concurrents du Vieux Continent, notamment grâce à des vents plus favorables. Un avantage qui ne manque pas d’enrichir de façon démesurée les commerçants responsables de ces transactions. Surnommées les Tobacco Lords, ces nouveaux bourgeois investissent littéralement tout un quartier est de la ville, Merchant City, y faisant construire d’immenses hôtels particuliers – certains encore visibles aujourd’hui, ont d’ailleurs fait l’objet de travaux de réhabilitation, comptant désormais parmi les lieux les plus huppés de la ville… Forte de cette avance, Glasgow poursuit au XIXe siècle son parcours de cité modèle, se hissant en tête des métropoles industrielles britanniques, et devient, le succès économique attirant les foules, l’une des premières agglomérations européennes à franchir le cap du million d’habitants. De cet âge d’or, elle héritera de la Mitchell Library (1877), de son Hôtel de ville (1889), des lignes de tramway (1872) et de métro (1896) et de la Kelvingrove Art Gallery (1901).
UP AND DOWN
Comme toute success story digne de ce nom, celle de Glasgow ne devait pas durer. La récession de l’entre-deux guerres et les bombardements allemands des années 1940-1941 porteront un coup critique à son industrie, entraînant notamment une paupérisation de la population, traduite par un abandon du centre au profit des banlieues, impliquant alors la construction de nombreuses tours en périphérie. Une période de crise dont la ville se remettra finalement grâce au tourisme et à son rayonnement culturel. Les «ménestrels» entrent enfin dans l’histoire!
En 1990, Glasgow est nommée Capitale européenne de la culture. Aujourd’hui, elle est même considérée par certains guides comme l’une des 10 premières destinations touristiques au monde. Résultat: les projets d’architecture les plus iconiques de la ville entretiennent presque tous une parenté avec le tourisme, qu’il soit économique ou plaisancier. Parmi les plus remarquables, l’auditorium Armadillo signé Norman Foster (1997); le SSE HYDRO, un centre de congrès du même architecte (2013); le Science Center réalisé par BDP Building Design en 2001; ou encore le Riverside Museum, construction démente dédiée à l’univers des transports imaginée par Zaha Hadid (2011).
HARRY POTTER À L’ÉCOLE D’ART
Ville d’échanges et d’ouverture, Glasgow revendique aujourd’hui pleinement son statut de capital artistique de Grande Bretagne, attirant des créateurs de tous les horizons. Ainsi, en plus d’être une icône de l’architecture, la Glasgow School of Art accueille dans ses murs un nombre conséquent d’étudiants étrangers (environ 25 %). Et ce n’est pas peu dire que les matières dispensées ici sont variées, puisque près d’une trentaine de disciplines différentes y sont enseignées, allant du design d’intérieur à la conception de jeux vidéos en réalité virtuelle, en passant par la création de typographie. En outre, comment ne pas rappeler que c’est dans cette ville que J.K. Rowling écrivit une large partie de la saga Harry Potter ? Le saint patron de la métropole, Mungo (en français Mangouste) a d’ailleurs donné son nom à l’hôpital «pour maladies et blessures magiques», tandis que la parenté entre l’Université de Glasgow et l’école des sorciers est plus qu’évidente. Nombreux sont d’ailleurs les touristes à se photographier devant celles qu’ils ont renommé «Poudlard», enrichissant à leur façon le folklore de la ville.
Car comme le dit son slogan, People Make Glasgow…
⇒ Article paru dans le Hors-série 38 : Week-ends d'architecture
⇒ Lire l'article « Le Riverside Museum de Zaha Hadid à Glasgow »