En 2019, ce sont, dans le vestibule du domaine, les orangers en porcelaine du plasticien Marc Couturier. C'est, dans l'écurie, une fente moussue qui court sur les dalles, grande brèche ouverte par l'artiste Cornelia Konrads. Au plafond de la grange, ce sont aussi « les pierres qui pleurent », mises en lévitation par l'artiste Stéphane Thidet :
« Je mets en place des protocoles qui me permettent de rester spectateur de ce que je fais », explique celui-ci.
Les roches sanglotent sur un lit de poudre d'argile, qui, en séchant, se fendille, laissant apparaître un réseau de craquelures, univers minéral et mouvant. Plus loin, autre paysage, autre processus pour le plasticien qui, grâce à la rotation d'une ampoule sur un lit de lentilles d'eau, retient l'attention du spectateur, suspendu à ce tableau tout en clair-obscur, « déjà approprié par cinq grenouilles », s'amuse Stéphane Thidet. Mais cette année, c'est surtout un félin qui a élu domicile à Chaumont, et quel félin : celui d'Agnès Varda, qui aposté l'effigie de son chat Nini en sentinelle au sommet d'une souche. La cinéaste a également investi une cour, à l'image de celle de sa maison, rue Daguerre, à Paris. Des tournesols s'y épanouissent dans une serre dont le faîtage et les cloisons sont tissés avec les bobines de son film intitulé… Le Bonheur. Comme en écho avec le thème du Festival, le paradis, la grande dame de la Nouvelle Vague s'est éteinte quelques jours avant son inauguration, nous laissant ce dernier jardin, ode à la joie et à l'amour.
► VIDÉO : Présentation des artistes invités à Chaumont-sur-Loire (source : Domaine de Chaumont-sur-Loire)
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