Rédigé par Raphaëlle Saint-Pierre | Publié le 30/09/2019
À une quinzaine de kilomètres de Nantes, dans un bourg où alternent pavillons récents aux enduits éclatants et constructions plus anciennes, Julien et Fanny sont propriétaires, depuis plus de dix ans, d'une maison datant du milieu du XIX siècle. Avec 150 mètres carrés pour quatre enfants, ils envisagent de s'agrandir et font appel à un ami d'amis, Tristan Brisard, dont l'agence se trouve dans la cité des Ducs de Bretagne. Au départ, le couple imagine une petite extension, pour abriter uniquement leur chambre avec une salle de bains. Mais l'architecte leur propose plutôt d'y installer leur pièce de vie, tandis qu'une légère restructuration du rez-de-chaussée existant permettra d'y créer deux chambres, celle des parents et une pour les amis. Ainsi, l'étage sera entièrement réservé au quartier des enfants. Artisan peintre, Julien pourra s'occuper lui-même de ces travaux de réaménagement. « Quitte à construire, autant obtenir plus de surface et aller au maximum du Plan local d'urbanisme pour dégager un séjour au volume plus généreux que dans la maison ancienne avec ses 2,20 mètres de hauteur sous-plafond », explique Tristan Brisard, qui convainc les propriétaires de l'intérêt de ce changement de programme.
ICONIQUE
« Nous avons simplifié le projet au fur et à mesure des études, poursuit l'architecte. Le contexte est assez chaotique, il y a des fils électriques partout, c'est pour cela que je n'ai pas voulu ajouter trop de choses, juste disposer un élément à l'apparence simple et rustique mais qualitatif. » Contrairement à deux extensions réalisées antérieurement en prenant le parti de la rupture esthétique, il s'inspire ici de l'existant. L'option de la toiture à double pente lui permet de raccorder la nouvelle construction assez bas sur la maison pour éviter de condamner des fenêtres, et de former une articulation plus élégante. L'entrée se glisse dans une galerie entre les deux bâtiments. Vitrée à chacune de ses extrémités, elle offre d'emblée une échappée visuelle sur le jardin à l'arrière. Le choix d'une structure principale métallique correspond à la recherche de simplicité et à une envie de dessiner une « icône minimaliste ». Côté rue, le vestiaire et le bureau de Fanny sont séparés par une demi-cloison de la salle à manger, disposée face à la cuisine conservée dans la partie existante. Au fond de l'extension, qui mesure finalement 70 mètres carrés, l'angle vitré place le coin salon auras du jardin -trois marches plus haut que le séjour.
« Nous avons simplifié le projet au fur et à mesure des études. Le contexte est assez chaotique, c'est pour cela que je n'ai pas voulu ajouter trop de choses, juste disposer un élément à l'apparence simple et rustique, mais qualitatif. » Tristan Brisard, architecte
DOUBLE PEAU DE BOIS
Cloués sur l'ossature secondaire en bois, des tavaillons de châtaignier breton brut, sans traitement ni finition, recouvrent façades et toiture. Ils sont fendus à la hache comme en montagne, car si la méthode du sciage est économique, l'eau s'infiltre plus facilement et accélère leur vieillissement. Ce choix ne convoque pas l'imaginaire du style Shingle* américain mais plutôt celui de l'habitat traditionnel de Haute-Savoie, région de prédilection de Tristan Brisard. Même si ce revêtement n'est pas caractéristique de la Bretagne, il a un aspect rustique et entre en résonance avec le granit des constructions voisines. Le PLU a beau lui imposer une toiture en ardoises, l'architecte parvient à faire valider ses tavaillons en misant sur leur format similaire et sur le fait qu'ils noirciront. « Mais la vibration est vraiment différente », précise-t-il. En acier galvanisé, les cadres des fenêtres, les gouttières et la jonction entre la toiture et la façade aux lignes très nettes contrastent avec ce bardage par leur allure contemporaine et impeccable. En guise de revêtement intérieur, il délaisse les panneaux d'OSB pour un contreplaqué apparent de bouleau français qui émet nettement moins de COV (Composés organiques volatiles) et permet de se passer de doublage. Esthétiquement, la couleur claire de cette essence évite l'image du chalet ou de la cabane. Au sol, la dalle de béton est juste peinte. Le fait que l'extension ne comporte pas de pièce d'eau participe à l'économie du budget. Pendant ce chantier propre et simple, puisqu'aucun fluide n'entre en jeu, la famille a pu continuer à vivre tranquillement dans sa maison. En revanche, la minutieuse pose des tavaillons a pris plus de temps que prévu. « Malgré leurs réticences du début, ce sont les clients les plus heureux du résultat que j'ai eu la chance d'avoir ! », se réjouit Tristan Brisard.
* Le style architectural Shingle est apparu à la fin du XIXe siècle dans l'est des États-Unis. Son nom vient du bardeau de bois qui enveloppe entièrement les maisons, de la toiture aux façades.
► Article paru dans le Best Of Maisons d'Architectes !

FICHE TECHNIQUE
♦ architectes Tristan Brisard Architecte (Pauline Danel, Damien Grias et Pierre Gaboriaud chargés de projet)
www.tristanbrisard.com
♦ bureau d'études bois Bois-Conseil
♦ localisation Vigneux-de-Bretagne (44)
♦ bâti d'origine milieu XIX e siècle
♦ livraison 2014
♦ études 14 mois
♦ travaux 3 mois et demi surface maison existante 150 m² SP
♦ surface extension 70 m² SP
♦ coût travaux extension 95 000 euros HT (hors honoraires et pause des panneaux d'habillage sous rampants) dont 55 000 euros HT de lot bois
♦ matériaux acier (structure fermes) / béton (dalle apparente) / châtaignier d'Ille-et-Vilaine (bardeaux revêtement façade et toiture) / épicéa finlandais (ossature murs et caissons toiture) / contreplaqué de bouleau français (panneaux revêtement intérieur) / fibre de bois (isolation en double couche 145+50 mm) / acier galvanisé (cadres fenêtres)
♦ équipements fenêtre de toit motorisée Velux / menuiseries extérieures aluminium Schüco / poêle Thema de MCZ