Si l’on se penche sur l’architecture des bâtiments, on pense assez logiquement à celle des parlements conçus pour représenter le peuple. Pour Schwarte, l’architecture des parlements est significative du lien contraignant qui se dessine entre la forme de l’architecture et celle du régime politique. Il suffit de penser à leur taille, qui détermine le nombre de représentants du peuple. Schwarte rappelle à ce propos que la Pnyx, à Athènes, pouvait accueillir 24 000 personnes, alors que les parlements d’aujourd’hui ne peuvent en contenir que quelques centaines[3]. La forme circulaire et la présence ou non d’une tribune d’orateur conditionnent et légitimisent aussi les discours qui y sont prononcés[4]. Schwarte regrette que l’architecture des parlements contraigne les possibilités de participation aux débats publics, plus encore que les lois et les médias[5]. Mais si l’architecture des parlements restreint par sa taille, sa forme et sa propre finitude, Schwarte considère que l’architecture n’est pas pour autant condamnée à restreindre l’indéterminé. Il appelle ainsi à une architecture des possibilités qui permette à quelque chose d’insoupçonné de se dérouler, quelque chose de totalement différent de ce que l’on pourrait attendre. La possibilité n’est pas pour lui la simple capacité de provoquer la transformation d’une chose en une autre, mais une liberté de s’ouvrir à l’inconnu. Elle se distingue de la potentialité, qui reste attachée à la prévisibilité, à l’achèvement d’un schéma planifié et à des principes d’enchaînement entre passé, présent et futur. La potentialité reste d’ailleurs étymologiquement liée au pouvoir et continue à inclure l’acte envisagé et la probabilité qu’il se réalise ou non. Schwarte appelle donc à envisager l’architecture comme une construction de possibilités ou, pour mieux en faire ressortir l’aspect performatif, comme une manière de rendre possible. Il souhaite que l’on dépasse l’idée selon laquelle l’architecture ne serait qu’une technologie de pouvoir n’offrant comme alternative que des processus de subversion, et suggère une approche qu’il définit entre structure et anarchie.
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