Habitant un appartement à Douarnenez, au nord de Quimper, un couple et son fils adolescent souhaitent déménager dans une maison avec jardin. Ils contactent l'architecte finistérien Philippe Moré, fondateur d'Iwa - Atelier d'Architecture, après avoir eu un coup de cœur pour sa propre habitation dont il est le concepteur. Pour cette maison à l'extérieur sobre, qui utilise des matériaux sans prétention comme le polycarbonate ondulé ou le fibrociment, celui-ci s'est inspiré de l'architecture vernaculaire agricole du Finistère nord mais aussi des constructions traditionnelles japonaises. Cette affinité pour le pays du Soleil-Levant se retrouve jusque dans le nom de l'agence, « iwa » signifiant « rocher » en japonais et faisant écho à la solidité recherchée par Philippe Moré dans ses réalisations qu'il veut « sobres voire austères, et qui dépassent les modes ».
Les propriétaires ont déniché un terrain boisé à Lesconil, au sud de Quimper, en bordure de rivière, pour y implanter leur maison qu'ils souhaitent peu consommatrice en énergie. L'architecte a conçu une partie habitable chauffée de 100 mètres carrés sur deux niveaux, flanquée d'un appentis abritant une serre bioclimatique de 24 mètres carrés en polycarbonate ondulé et d'un garage. Le volume principal repose sur une structure en douglas préfabriquée en atelier et recouvert d'un bardage en mélèze teint au noir de Falun. Une idée qui trouve son origine dans les nombreuses cabanes de pêcheurs du Finistère autrefois habillées de bois recouvert de coaltar pour les protéger des intempéries ; très polluant, le goudron a été remplacé par des ingrédients naturels comme ceux de la peinture de Falun (eau, farine, huile de lin, ocre de Falun). Cette maison, entièrement construite par des compagnons du devoir, joue volontairement plusieurs rythmes en façade grâce aux différentes largeurs de lames. Ces subtiles variations verticales sont chapotées par une discrète toiture en ardoise, typique de la région. À l'intérieur, le bois est également mis à l'honneur avec un parquet en chêne massif, la poutraison en douglas et les portes en épicéa.
« PHILIPPE MORÉ S'EST INSPIRÉ DE L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE AGRICOLE DU FINISTÈRE NORD MAIS AUSSI DES CONSTRUCTIONS TRADITIONNELLES JAPONAISES. »
D'un point de vue thermique, la serre permet d'accumuler la chaleur de la journée, aidée par une dalle en béton à forte inertie, et peut ainsi la diffuser dans la pièce de vie centrale. Devant la façade nord, un poêle à bois thermo-régulé aide à chauffer l'ensemble du volume habitable ; il complète l'isolation en ouate de cellulose installée dans les murs, rampants de toiture et sous le plancher pour réduire la consommation énergétique. Sobriété et justesse pour un résultat chaleureux.
► Lire « Trois questions à l'architecte Philippe Moré »
► Projet paru dans le Hors-série 49 d'Architectures À Vivre : 1001 idées d'architectes pour habiter demain disponible sur la boutique en ligne
