Quel enfant n'a pas un jour rêvé d'une cabane dans les bois, un espace à lui, construit uniquement avec les éléments à disposition ? Un rêve qui peut se poursuivre en étant adulte, et architecte qui plus est. L'occasion espérée est donnée dans le cadre de la seconde édition du festival de la Forêt et du Bois en 2017, lorsque le domaine de la Bourdaisière lance un appel à projet pour construire dans son parc une « maison 100 % bois ». L'objectif dépasse évidemment la simple cabane : « Réaliser un prototype d'habitation contemporaine R+1 dont la surface au sol doit être supérieure ou égale à 36 mètres carrés, intégralement bâtie en bois et ses dérivés » , indique l'architecte Matthieu Boustany, l'un des fondateurs de Local, agence lauréate du concours.
Pour répondre au tout bois, les architectes ont opté pour une structure en lamellé-croisé de pin douglas français et pieux en acacia local pour sa qualité hydrofuge. Le circuit court a été optimisé avec des façades et poteaux issus de châtaigniers du parc, découpés à seulement 200 mètres du site avant d'être transformés dans une scierie à 11 kilomètres. Les planches posées en extérieur n'ont volontairement subi aucun traitement, laissant ainsi le temps faire évoluer leur teinte naturellement. L'isolation, quant à elle, est en panneaux de fibre de bois dense faisant également office de pare-pluie. Et pour gagner du temps sur le chantier, structure et assemblages ont été préalablement modélisés avec précision : encastrement, à mi-bois, à simple tenon ou à goujon. Mais, comme dans tous projets, il reste néanmoins quelques bémols comme l'origine inconnue de l'OSB posé au sol ou encore le revêtement d'étanchéité en polymère de la toiture. En effet, pour des raisons financières et normatives, « l'entreprise a refusé de réaliser le toit en bois étanché en bitume naturel ou en bois brûlé, la technique japonaise du Shou Sugi Ban » , regrette Matthieu Boustany.
« Le circuit court a été optimisé avec des façades et poteaux issus de châtaigniers du parc, découpés à seulement 200 mètres du site avant d’être transformés dans une scierie à 11 kilomètres. »
Implantée au cœur des 55 hectares de forêt entourant le château, la construction est ouverte au public et devrait même être habitée par le propriétaire du domaine de mai à octobre. L'intérieur est composé d'un noyau central dédié à la salle de bains autour duquel s'enroule un ruban regroupant toutes les fonctions. Escaliers et plans inclinés permettent de conserver cet espace fluide continu d'un étage à l'autre. Même si la distribution est classique avec les espaces de vie en bas et la chambre en haut, ce sont davantage les vides et les pleins, les ouvertures et la découpe du toit qui génèrent des usages variés et inattendus.