Offrant un paysage magnifique avec vue sur le Danemark, la côte sud-ouest de la Suède, de Malmö à Helsingborg, est très prisée des habitants de la région qui souhaitent jouir d'une vie au grand air tout en travaillant en ville. Les deux grandes agglomérations de ce bord de mer ne sont en effet séparées que par une soixantaine de kilomètres, soit une demi-heure de train. Entre les deux, la ville de Landskrona souffre néanmoins d'une mauvaise réputation due à des tensions sociales et aux difficultés liées à la fermeture de son chantier naval dans les années 1980. Avant-gardistes dans l'âme, les clients n'en retiennent que les forces : ouverture d'esprit, patrimoine architectural précieux et proximité de la plage.
SOIF D'ESPACE
Les deux hommes, qui logeaient auparavant dans un appartement d'Helsingborg, ont envie d'une habitation qui puisse servir d'écrin à leur collection de peintures et de photographies. Lukas, marchand d'art, souhaite de plus accueillir chez lui sa clientèle internationale. Collaborateur dans une entreprise de décoration, Erich connaît bien l'agence Elding Oscarson dont il apprécie la qualité des réalisations : tous deux n'hésitent donc pas à lui donner carte blanche.
Lors de leur première visite sur le site, une dent creuse, les architectes sont frappés par son étroitesse (il ne que mesure que 5 mètres de large), mais aussi par la sensation d'espace qui s'offre à eux, le pâté de maison étant occupé par plusieurs courettes et des immeubles bas.
Ils s'efforcent de conserver cette dernière en conférant à l'édifice une forme parallélépipédique occupant une faible surface au sol et exploitant au maximum la hauteur autorisée. Le jardin et le bureau abrité par un petit pavillon indépendant en fond de terrain, libèrent une vue dégagée depuis le volume principal.
CRÉER DES CONTRASTES
Elding et Oscarson conçoivent la maison comme un cube blanc, percé sur ses cinq faces visibles d'ouvertures carrées sans modénatures. « Nous tenions à ce que le volume soit homogène, troué de façon irrégulière sur tous ses côtés. C'est tout juste si l'on n'imagine pas d'autres fenêtres cachées contre les maisons voisines » , explique Jonas Elding, associé de l'agence. Les baies latérales visibles de loin depuis la rue servent aussi à animer les façades. Malgré ce style moderne très dépouillé, en totale opposition avec l'architecture locale, la bâtisse s'insère dans son contexte grâce à un jeu de mise en valeur réciproque. « Une peinture isolée sur un mur clair fait un tout autre effet que si elle était dans une pièce remplie d'œuvres, avance Jonas Elding. Le contraste obtenu est aussi important pour la perception que l'on a de l'objet exposé que pour ce qui l'entoure », poursuit-il. Ici, c'est l'objet qui est blanc et qui valorise les maisonnettes voisines. Par cette confrontation subtile, concepteurs et propriétaires se félicitent d'embellir un patrimoine qu'ils apprécient en y apportant une note de contemporanéité.
VIVRE EN OPEN SPACE
La complexité du projet a résidé en l'intégration de deux étages supérieurs dans un volume de huit mètres de haut, tout en conservant un sentiment d'espace.
Les clés de la réussite ? Un rez-de-chaussée à même le niveau de la rue (contrairement aux maisons voisines qui se déploient sur des murs de fondation surélevés et n'atteignent que deux niveaux), des plafonds bas et des dalles en métal très fines. L'intérieur est complètement ouvert, les plateformes étant reliées par des escaliers et des passerelles métalliques ajourés laissant passer la lumière. C'est dans la cuisine (seulement 2,26 mètres du sol au plafond) que l'on pénètre en premier, puis dans la salle à manger arborant une double hauteur et donnant sur le jardin.
Au fur et à mesure que l'on s'élève dans l'habitation, les pièces deviennent plus personnelles : les ouvertures se rétrécissent et les vis-à-vis s'amenuisent.
Pour assurer l'intimité du couple, des rideaux masquent la chambre à coucher, la salle de bains et sa terrasse attenante. Celle-ci, située au dernier étage et uniquement accessible par la pièce d'eau, peut déconcerter. Mais il s'agit d'un lieu privé et non destiné aux invités. La tradition hygiéniste suédoise couplée à l'importance du rituel du bain au Japon, où Jonas Elding a fait ses armes, expliquent cette attention particulière. La fluidité du parcours, la pureté des lignes et le choix du blanc véhiculent une sérénité qui n'est d'ailleurs pas étrangère à l'architecture nipponne, et notamment celle de SANAA, chez qui l'architecte a travaillé pendant huit ans. Cette maison semble le mariage réussi des cultures constructives des deux pays.
Article paru dans le Hors-série 36 : Lofts et maisons de villes
FICHE TECHNIQUE
♦ architectes Elding Oscarson Jonas Elding et Johan Oscarson
www.eldingoscarson.com
♦ localisation Landskrona (Suède)
♦ livraison 2009
♦ surface 125 m2
♦ coût des travaux 280 000 euros HT
♦ matériaux acier (dalles, garde-corps, escaliers) / béton (dalles, sol du rez-de-chaussée) / parquet épicéa (sol du salon) / carreaux (salle de bains)
♦ fournitures lavabo et toilettes salle de bains Duravit / poêle à bois Heta / vitrage Saint Gobain Glass / menuiseries Wicona