Quelques notions de géomorphologie seront bien utiles ici pour comprendre où se situe cette chapelle de béton et de vide projetée en porte-à-faux sur les flancs d’une falaise du lac de Coatepeque, petite ville pittoresque située à 50 kilomètres de la capitale San Salvador. Ce lac s’est progressivement formé au sein d’une caldera, vaste dépression elliptique à fond plat résultant de l’éruption d’un volcan qui eut lieu il y a des dizaines de milliers d’années. À ne pas confondre avec le cratère donc, qui lui est en forme d’entonnoir.
Avec sa flore tropicale luxuriante, accroché entre ciel, montagne et lac, ce paysage sublime est un des sites touristiques les plus fréquentés de la République du Salvador, plus petit état d’Amérique centrale, dont la surface est inférieure à notre région Bretagne. En témoignent les innombrables villas et leurs pontons qui ponctuent la totalité de la périphérie du site, ainsi que nombre d’installations et d’équipements touristiques. À l’image du complexe événementiel Cardedeu qu’ont construit les architectes d’EMC Arquitectura, composé d’un hôtel, de différents espaces de réunion, d’un restaurant et de la chapelle édifiée pour les mariages et autres célébrations. Les frontières entre l’intérieur de la structure et l’extérieur semblent pouvoir autant se dissiper que les maux de l’âme. Le strict minimum a été convoqué ici : deux murs, même pas quatre, un toit, une croix, un autel et des bancs, comme la réinterprétation contemporaine de la frugalité chrétienne. Le tout en béton, en bois et en acier. Il n’en fallait pas plus tant l’environnement immédiat est prégnant. L’objectif étant plutôt de créer un cadrage précis sur le lointain, une scène dont le décor changerait au fil de la course du soleil et des saisons.
Article publié dans le Hors-série 35 : Vivez dehors ! (juin-juillet-août 2017)