Rédigé par Jean-Philippe Hugron | Publié le 06/12/2019
À l'origine une boîte, une « unité », située à Sydney, au sein d'une ancienne usine transformée, et des clients qui recherchent une simplicité aux allures de renoncement matériel. Au milieu, Matt Woods, architecte australien, à l'engagement environnemental et aux goûts… brutalistes.
C'est du gâteau ! Camperdown, à Sydney, était un quartier qui, il y a quelques années encore, sentait bon le biscuit. La grande factory qui dominait l'horizon produisait, à tour de bras, de délicieux cookies ; elle s'est cependant retrouvée désaffectée en 2004. Que faire donc de ce patrimoine industriel ? Le transformer ! Un couple branché dont les amours professionnelles touchent au design s'est rapidement fait propriétaire d'une « unité » au sein de cet ensemble afin de l'aménager à son goût avec l'aide d'un architecte : Matt Woods.
« Ils sont venus me demander quelque chose de différent : un projet qui sort de l'ordinaire. Ils voulaient également être en mesure de réduire et de minimiser la quantité d'objets qu'ils avaient jusqu'à présent accumulés », explique l'homme de l'art. Il lui fallait, en résumé, retrouver les rudiments de la vie.
À force d'échanges avec ses clients, Matt Woods a très tôt compris l'autre enjeu de la commande : créer une boîte en béton. Il n'en fallait pas plus pour enthousiasmer l'architecte qui s'en est alors remis à ses élans brutalistes.Depuis quelques années -cinq ou six, tout au plus - l'adjectif fait florès de publications en expositions, de conférences en colloques. Le brutalisme architectural est, pour beaucoup -et au risque de la caricature - l'architecture en béton brut ; s'il en est historiquement autrement, l'esthétique brutale aujourd'hui célébrée fascine toute une génération contemporaine.
Ceci étant écrit, Matt Woods, l'enfant de son époque, s'est très tôt, au nom de « principes fondamentaux » et d'une approche « environnementale », refusé à mettre en œuvre du béton. Quid alors d'une contradiction ? Dans un désir évident d'unité, l'architecte voulait bel et bien faire bon usage de la matière pour assurer les contours d'une forme minimale. Il a donc imaginé à partir de panneaux en plâtre et de composite ciment-verre un cocon aux formes douces dont les parois ont été recouvertes de peinture traitée façon french wash. Il a également fait bon usage de chaleureux parements en bois. C'est donc un théâtre d'illusions que Matt Woods livre à ses clients où l'âpreté du passé industriel rencontre le raffinement de la technique.
► Retrouvez l'ensemble des reportages dans le Hors-série 45 : 1001 désirs d'intérieurs actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne