Vivre dans la ville dense, c'est vivre avec le bruit, la foule, la pollution… Comment cela vous influence-t-il dans la conception d'un appartement ?
C'est un contexte spécifique important évidemment ; orientations, lumière, vues, bruits sont pris en compte dans l'organisation spatiale que je conçois en fonction du programme du client. Il y a bien entendu certains réflexes comme privilégier le silence du côté cour pour les chambres, mais si la belle lumière vient de ce même côté, alors je vais travailler un espace traversant afin de ramener cette lumière côté rue. J'essaie aussi d'avoir le moins de cloisons possible contre la façade principale où sont les fenêtres, afin d'éviter les vues frontales et de multiplier les diagonales sur la ville. Pouvoir marcher le long de cette façade offre des perspectives plus éloignées qui créent de plus vastes volumes. Donc c'est en travaillant les vues vers ce contexte que je peux donner plus d'espace à l'intérieur finalement.
Les usages changent, le « home office » par exemple se développe ; comment répondre à ces évolutions dans des surfaces de plus en plus petites ?
La flexibilité est une évolution importante effectivement mais la maison doit rester une maison, pas devenir un bureau ; demeurer le lieu du repos. Donc, si cela est une bonne chose qu'elle permette d'autres usages, ceux-ci doivent pouvoir être dissimulés. Dans un appartement à la surface contrainte, mon objectif est de trouver plus de souplesse afin d'accueillir davantage de fonctions tout en concevant un lieu de vie confortable. Et même dans un grand appartement finalement, comme dans ce projet parisien où j'avais conçu un séjour pouvant devenir chambre d'amis. J'utilise souvent un système de cloison épaisse qui peut accueillir des placards, des bibliothèques, un bureau escamotable… Les portes à galandages et les rideaux sont aussi pratiques pour transformer l'espace. La flexibilité demande beaucoup de détails.
Covid ou pas, le désir de confort est de plus en plus important ; comment définissez-vous cette notion ?
Pour moi, le confort c'est la lumière, les usages et la surface. Je travaille à faire pénétrer la lumière jusqu'au cœur du bâti, la qualité lumineuse donne de la liberté. Ensuite j'optimise les surfaces des pièces de services, leur compacité. Elles restent fonctionnelles évidemment, mais sont conçues comme des noyaux afin de redonner de l'ampleur aux pièces à vivre. De plus, le fait de travailler sur un système de noyaux me permet de limiter le nombre de cloisons ; ce n'est pas un loft, mais un espace fluide, doté de plusieurs vues et parcours, distribué par des noyaux fonctionnels. Le confort, c'est donc un tout fonctionnel, fait de lumière, d'espace et de vues.
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