Nichée dans la tourelle d'angle d'un hôtel construit pour l'exposition universelle de 1900 et par la suite transformé en immeuble de logements, cette pièce autrefois destinée aux domestiques n'a rien de classique. Elle bénéficie d'une hauteur sous plafond de 4,10 mètres et d'une grande fenêtre baignant l'intérieur de lumière. Mais ses 12 mètres carrés déroutent le client qui vient d'acquérir l'appartement du deuxième étage, la chambre de bonne faisant partie du lot. Conscient du potentiel qu'offre le volume, il consulte l'architecte Ramsés Salazar avec qui il a déjà collaboré dans le cadre de son travail. Il lui fait part de sa réticence à la création d'une mezzanine, craignant que la sensation d'espace n'en pâtisse. Pour éviter l'effet d'écrasement, le concepteur propose de surélever l'étage au niveau de l'entrée, de façon à ce que, passé le pas de la porte, le visiteur jouisse d'une hauteur sous plafond respectable de 2,30 mètres - celle-ci passant à 1,95 mètres au niveau de la zone cuisine/salle à manger/étude. Restent ensuite 3 mètres carrés en double hauteur, le coin salon, d'où l'on peut ouvrir la fenêtre et avoir Paris pour soi. Qui dit mieux ?
À l'étage, la zone surélevée correspond au lit - malin ! Queen size, reposant sur une structure robuste en métal, il ne craint pas la succession des jeunes locataires. « Mon client souhaitait des équipements solides et des surfaces faciles à nettoyer » , précise l'architecte. D'où le choix du béton ciré sur l'ensemble des surfaces : sols, parois, cuisine, salle de bains, penderie. Une homogénéité de traitement qui accentue en outre la sensation d'espace. Celle-ci est encore favorisée par des meubles amovibles, comme la tablette rabattable de la cuisine, l'échelle de la mezzanine pouvant disparaître contre la paroi de la cuisine, et la porte coulissante de la salle de bains ; autant de détails permettant de libérer la vue.
« Au final, on a toutes les qualités d’un bel appartement : la vue, la lumière, le confort, et les fonctions nécessaires au corps et à l’esprit. » Ramsés Salazar, architecte
Si le moindre mètre cube a ici été exploité, cela n'a pas été sans difficultés : « L'acheminement des éléments sur place s'est avéré très complexe » , précise l'architecte. On accède en effet aux étages de service par un escalier étroit, véritable gageure pour les chantiers du XXIe siècle ! Autre particularité de l'architecture haussmannienne, la finesse des murs séparant les chambres de bonne : pas plus de sept centimètres déplore Ramsés Salazar qui n'a par conséquent pas pu faire les saignées nécessaires pour le réseau électrique, ni encastrer les piliers de la mezzanine. « Au final, on a quand même toutes les qualités d'un bel appartement , estime-t-il : la vue, la lumière, le confort, et les fonctions nécessaires au corps et à l'esprit. » Une studette qui a tout d'une grande !
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