ANTOINE MABIRE, ARCHITECTE
Avant votre intervention, cette maison nantaise était caractérisée par un visage disparate, fruit de projets architecturaux multiples. Quelle a été votre méthode pour unifier l'ensemble tout en cultivant une certaine singularité ?
Notre méthode est le résultat d'une approche à la fois pragmatique et poétique. Pragmatique parce que nous avons utilisé un moyen simple d'unifier une façade revêtue de différents matériaux, en la peignant en noir plutôt que de dépenser beaucoup d'énergie et de moyens pour essayer de retrouver un support et un aspect homogène. Poétique parce que sur cette base, nous avons pu écrire une nouvelle histoire grâce à la résille qui se détache de ce fond. C'est cette résille qui constitue la nouvelle identité de la maison et qui permet de proposer des situations variées entre intérieur et extérieur, en s'arrêtant ou en passant devant les fenêtres selon les pièces.
La nouvelle façade de la maison tranche avec le tissu urbain environnant. Avez-vous dû jouer avec certaines contraintes d'ordre réglementaire ?
Le paysage est une succession de murets et de clôtures basses, qui mettent à distance les maisons du trottoir, laissant assez de place pour faire pousser des plantes ou des arbustes. Et c'est cette disposition qui constitue l'identité de l'environnement bâti, le cadre permettant d'accueillir des architectures singulières tout en conservant une certaine homogénéité. Lorsque nous avons déposé le permis de construire, nous avions imaginé reprendre le motif de la façade en clôture. Ce permis a été refusé. C'est en discutant avec l'architecte conseil de la ville que nous avons clarifié cette vision de ce qui constituait le visage de la rue.
Nous avons donc conservé la clôture existante, et par la même occasion la continuité du paysage constitué par les murets, la maison exprimant par ailleurs sa singularité. C'est finalement sur cette nouvelle base que le permis a été accepté.
En règle générale, les projets réalisés par des architectes font montre d'une certaine singularité, miroir d'une compréhension pointue du mode de vie des habitants. Pensez-vous que cela puisse avoir des conséquences sur un éventuel changement de propriétaires ?
Je crois que cette singularité est ce qui fait justement l'intérêt des projets réalisés par les architectes. Si ce travail sur mesure est effectivement la réponse singulière à une demande singulière, je pense que le caractère qui s'en dégage est assez fort pour plaire à de futurs propriétaires. Peut-être que le nombre de personnes intéressées encas de revente sera moindre par rapport à une maison plus traditionnelle, plus à même d'accueillir tout type de mode de vie, mais il est tout aussi probable qu'elle provoque un plus grand nombre de coups de cœur auprès de ceux qui se projetteront dans l'univers, les ambiances et les usages proposés.
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