À quelques encablures du parc de Procé au nord-ouest de Nantes, l'avenue du Midi est composée de maisons individuelles mitoyennes d'un ou deux niveaux avec combles. L'une d'entre elles, de plain-pied, a fait l'objet d'une première extension latérale avant d'être partiellement surélevée pour gagner encore de l'espace. Pour l'agence fondée à Nantes par Antoine Mabire et Marie-Hélène Reich il y a une dizaine d'années, « étendre une maison, c'est ajouter une strate supplémentaire à un bâti qui, parfois, en laisse déjà lire plusieurs ». Alors, quand il a fallu interroger la capacité d'accueil d'une troisième opération d'agrandissement, les architectes ont choisi de « compléter le puzzle ». À l'aide d'une surélévation ajoutée au bâti initial, le nouveau volume forme un tout cohérent. À l'extérieur, les concepteurs précisent qu'il était « très compliqué de recomposer une façade classique, faite de pleins et de vides ordonnancés, avec un revêtement minéral homogène ». Ils ont donc choisi de peindre l'ensemble en noir pour « absorber les différences » et d'y ajouter, détachée de ce fond, une délicate résille en bois de douglas purgé d'aubier qui donne une identité forte à la maison et crée différents degrés d'intimité. « Alors que cette seconde peau s'interrompt devant certaines baies, elle passe devant l'ouverture de la salle de bains, permettant de filtrer les vues tout en profitant de la lumière et de la possibilité de ventiler. Ou encore devant l'une des fenêtres du salon [en rez-de-chaussée sur rue, ndlr] pour laisser passer l'air sans pour autant dévoiler l'intimité des habitants. » Dans un environnement immédiat fait de crépi blanc et de tuiles rouges, cette nouvelle enveloppe donne à la maison toute sa singularité.
« ÉTENDRE UNE MAISON, C'EST AJOUTER UNE STRATE SUPPLÉMENTAIRE À UN BÂTI QUI, PARFOIS, EN LAISSE DÉJÀ LIRE PLUSIEURS. » Antoine Mabire, architecte
Même à l'intérieur, le choix des matériaux joue de contrastes. Pour marquer la surélévation en L qui s'enroule autour de la salle à manger, l'agence Mabire-Reich a créé un imposant volume en bois comme « un grand meuble [en panneaux de contreplaqué en pin des Landes, ndlr] qui se glisse dans le déjà-là » -ce nouvel élément est mis en valeur par les murs existants en pierres apparentes et un sol en béton quartzé et lissé, adapté à un usage quotidien. Ainsi, « l'entrée est marquée par un effet de compression avec un plafond bas où le dessin du veinage, laissé apparent, renforce la présence du bois. S'ensuit l'effet de décompression, avec la double hauteur au-dessus de la salle à manger et la vaste baie vitrée qui fait rentrer le jardin dans la maison ». En résulte une généreuse cabane urbaine.
⇒ Projet paru dans le Hors-série d'Architectures À Vivre 45 : 1001 désirs d'intérieurs
⇒ Lire Trois questions à l'architecte Antoine Mabire