Au sein d'un immeuble seventies aux balcons trapézoïdaux dans le 18 arrondissement de Paris, un appartement de 90 mètres carrés devait être rénové. Pour l'Atelier Boteko, « l'appartement ne montrait, avant l'intervention, aucune trace de son style architectural d'origine et présentait peu de qualités spatiales ». À la place des murs en enduit blanc « impersonnels », les architectes ont dévoilé la structure en béton et l'ont laissée brute après ponçage dans les espaces de vie. « Notre intention était de mettre en avant l'identité architecturale de cet espace en révélant les matériaux caractéristiques des constructions de cette époque. » Encadré par des plinthes et plafonds blancs, les murs en béton deviennent presque des tableaux artistiques qu'on se surprend à admirer et qui n'appellent aucune décoration supplémentaire. En effet, l'intervention des architectes renforce la matérialité de chaque élément. Comme ce percement d'origine qu'ils ont décidé de rouvrir entre le salon et l'une des trois chambres, aujourd'hui devenue un bureau ; l'ouverture est soulignée par un encadrement en bois conçu sur mesure, encore une fois à l'image d'une toile dans un musée. Elle donne « de la profondeur au séjour en plus de créer un jeu de lumière et de transparence entre les deux pièces » précisent Léa Casteigt et Alessandro Baiguera. La même essence de bois, du contreplaqué d'okoumé, a été utilisée pour l'ensemble des menuiseries comme pour certains éléments de mobilier -portes de placard, larges cadres de porte, etc.
« Le bois étant une matière vivante, il contraste avec le béton et l'exalte », ajoutent les architectes.
Par ailleurs, l'organisation intérieure accordait trop de place à une entrée et des couloirs de circulation privés de lumière naturelle. Les architectes ont cherché à optimiser les surfaces en supprimant les espaces de distribution pour aménager un mobilier bas comme distinction entre la salle à manger et la séquence d'entrée. Cette dernière a été compressée en intégrant une nouvelle buanderie. La circulation devient plus fluide et l'impression de volume plus importante. Dans la cuisine, les céramiques hexagonales rouge foncé au sol ont été conservées et ont inspiré celles de la salle de bains, choisies par l'Atelier Boteko dans les tons verts. L'ensemble des murs et du carrelage qui les recouvre partiellement sont blancs, seulement rehaussés par un meuble chiné réutilisé pour accueillir les deux vasques contemporaines. Une délicate intervention qui révèle, avant tout, le déjà-là.
NOTRE INTENTION ÉTAIT DE METTRE EN AVANT L'IDENTITÉ ARCHITECTURALE DE CET ESPACE EN RÉVÉLANT LES MATÉRIAUX CARACTÉRISTIQUES DES CONSTRUCTIONS DE CETTE ÉPOQUE. » Léa Casteigt et Alessandro Baiguera, architectes
⇒ Réalisation parue dans le Hors-série 45 : 1001 désirs d'intérieurs