Il y a trente ans, Lison de Caunes ouvre son atelier à Montmartre. Petite fille du décorateur André Groult, formée à la reliure, la dorure et l'ébénisterie, elle se passionne dès ses débuts pour les matériaux travaillés pendant la période Art Déco : le galuchat, le parchemin… et la marqueterie de paille. Un savoir-faire dont elle deviendra, au fil du temps, une véritable virtuose, internationalement reconnue, collaborant avec les meilleurs designers et architectes d'intérieur (Mathieu Lehanneur, Pete Marino, Hubert Le Gall ou encore India Mahdavi) comme les grandes maisons de luxe (Hermès, Cartier, Guerlain), réalisant également des revêtements muraux pour des projets hôteliers ou résidentiels. « J'ai expérimenté sur le tas avec de la paille récupérée chez mon grand-père, jusqu'à me spécialiser dans ce domaine, d'abord en restaurant des objets en marqueterie de paille : des coffrets, des étuis, etc. Plus personne ne savait le faire à l'époque. C'est comme cela que j'ai appris mon métier. Aujourd'hui, j'adore travailler en collaboration avec des créateurs par ce que qu'ils proposent de faire des choses souvent un peu dingues, que je n'aurais pas imaginées moi-même. Un designer qui vient dans mon atelier pense trouver trois couleurs et deux motifs. Mais lorsqu'il découvre les cinquante teintes de mon nuancier, les motifs qu'il est possible de réaliser, les mélanges de matières (incrustations de laiton, de pierre dure ou de cristal de roche), les gaufrages… en général, son imagination s'emballe. » D'ailleurs, plus les projets sont fous, plus elle dit oui ! Un principe, qui l'a récemment amenée à réaliser les intérieurs… d'un concept car pour la marque DS Automobiles. « J'ai trouvé ça très excitant » , sourit-elle. Un vrai défi, qui nécessite de nombreux essais. Il faut vérifier que la colle prenne bien sur les coques en résine aux formes très organiques qui composent le tableau de bord, les intérieurs de portières ou les sièges. La paille est souple, certes, mais pas infiniment flexible. Une fois la bonne technique mise au point, les pièces détachées arrivent à l'atelier, Lison de Caune se met au travail, les recouvre, et trois semaines plus tard, tout est prêt.
« J'AI EXPÉRIMENTÉ SUR LE TAS AVEC DE LA PAILLE RÉCUPÉRÉE CHEZ MON GRAND-PÈRE. »
« Lorsque l'équipe de DS a présenté la voiture, les gens étaient très intrigués, se souvient-elle. Ils se demandaient ce qu'était cette matière. Ils pensaient voir du cuir, du bois, mais personne n'identifiait la paille. » Or cet inattendu est véritablement le moteur de cette maîtresse d'art… à part, à la tête d'une équipe de près de quinze personnes, et qui se réserve désormais le plaisir de créer de petits meubles et objets en auto-édition limitée.
► Pour en savoir plus : www.lisondecaunes.com