Située au sud de la province du Québec, dans la région des Laurentides, la ville de Saint-Adolph-d'Howard est réputée pour ses forêts luxuriantes, ses 85 lacs et ses pistes de ski. Paradis des randonneurs et autres sportifs, la majorité des 14 400 hectares qu'englobe la municipalité est restée sauvage malgré l'activité humaine, réservant une multitude de panoramas incroyables. C'est ici, entre les cimes des conifères, que s'élève telle une flèche la toiture d'un projet singulier conçu par le non moins singulier architecte Jean Verville.
« Comme j'essaie toujours de me renouveler, j'ai décidé de nous lancer un défi inédit : accomplir la phase de conception directement sur site, au fur et à mesure du chantier. » Jean Verville, architecte
L'histoire de cette résidence secondaire tout de noir vêtue remonte au printemps 2013, lorsqu'une famille de quatre personnes fait l'acquisition d'un vieux chalet délabré mais remarquable par sa volumétrie verticale en A. Très vite, les nouveaux propriétaires se tournent vers Jean Verville - une connaissance - pour lui demander de le rénover. Au début, l'architecte n'est pas certain d'accepter : « Je n'étais pas convaincu de la pertinence de ma participation, me demandant s'il ne s'agissait pas simplement d'une démarche cosmétique visant à donner un coup de jeune à l'existant, confesse le concepteur. Finalement je me suis rendu sur place, et naturellement, je suis tombé sous le charme de cette maison que l'on aurait dit sortie tout droit d'un conte pour enfant… » Subjugué par la magie des lieux, l'architecte s'investit dans la réalisation et entraîne ses clients dans une méthode de travail inclusive qui lui est propre. « Comme je le fais pour chaque projet, j'ai demandé aux maîtres d'ouvrage de s'impliquer dans le processus de création. L'objectif étant de leur faire prendre du recul sur leurs besoins, pour qu'ils distinguent ce qui est absolument nécessaire du superflu. Et comme j'essaie toujours de me renouveler, j'ai décidé de nous lancer un défi inédit : accomplir la phase de conception directement sur site, au fur et à mesure du chantier. » Grâce à cette méthode, Jean Verville convainc sans mal les propriétaires de ne garder de l'existant que la charpente, et de réduire la surface habitable de 88 à 64 mètres carrés. Ainsi, seules deux pièces de nuit sont aménagées dans ce cocon de bois, permettant de conserver au-dessus de la pièce à vivre une belle hauteur sous plafond, laquelle souligne le volume en forme de A caractéristique de ce chalet. En conséquence de quoi les invités - fréquents - sont obligés de dormir dans le séjour ou de partager les chambres avec les habitants.
Un parti pris assumé, favorisant les échanges et la vie en communauté dans cette réalisation unique en tous points de son histoire…
Article paru dans le Hors-série 39 d'Architectures À Vivre : Maisons de plein air !