Minorque, l'une des quatre îles Baléares, est la plus préservée de l'archipel et reste réputée pour ses plages de sable fin et sa riche biosphère. C'est dans ce cadre idyllique, et plus précisément au sein du village entouré de collines d'Es Mercadal, qu'a choisi de s'installer un habitant de Barcelone, d'abord pour les vacances et finalement à temps plein. Il demande à l'architecte Marina Senabre, établie sur l'île, de concevoir « une maison en contact avec le territoire, qui peut s'apprécier à l'intérieur comme à l'extérieur toute l'année ». Alors, pour diluer la frontière entre le dedans et le dehors, la conceptrice imagine deux constructions distinctes poussant l'habitant à cheminer de l'une à l'autre en fonction des usages et besoins. Le programme, qui s'étend sur 200 mètres carrés, est divisé, chacune des parties fonctionnant indépendamment. « Les espaces de vie, y compris la cuisine, la salle à manger et le salon sont abrités par le plus grand volume de 140 mètres carrés. Ils sont en relation avec l'extérieur par le biais de grandes ouvertures mais aussi entre eux via des patios qui éclairent les pièces les plus privées. Le petit volume de 60 mètres carrés au sol fait office de pavillon auxiliaire et comprend la chambre d'amis, un espace pour faire du sport et une piscine couverte. Celle-ci est amplement ouverte sur le paysage, favorisant la détente et la contemplation », explique Marina Senabre.
Cette dualité dans le programme se retrouve également dans l'expression formelle des bâtiments. Le pavillon reprend les codes de la construction caractéristique des îles Baléares avec son toit en pente, ses tuiles en terre cuite recyclées et ses pignons. La construction principale est un prisme rectangulaire au toit plat en gravier, inspiré de l'architecture contemporaine minimaliste. La conversation entre les deux volumes est rendue possible grâce à une même esthétique extérieure volontairement sobre et blanche. Que l'on retrouve à l'intérieur où « la palette de couleurs reste neutre, il n'y a pas de place pour l'ornement car la maison valorise la proportion et la simplicité », défend l'architecte. Elle joue néanmoins avec des éléments traditionnels comme les boiseries naturelles en chêne pour leur côté chaleureux, qu'elle met en contraste avec des éviers récupérés en marbre ancien ou encore le design contemporain minimal d'un microciment au sol, sur l'îlot de cuisine comme sur les murs de la salle de bains. La Casa E est ainsi en dialogue à toutes les échelles, avec son environnement comme avec les moindres détails de son mobilier.
« Le contraste entre la pureté de la géométrie et la nature sinueuse qui entoure la maison est très important. L’architecture semble s’installer sur le paysage de manière respectueuse, s’intégrant et se démarquant à la fois. » Marina Senabre
⇒ Retrouvez d'autres maisons de rêve dans le Hors-série #50 : Le plein d'air, de soleil et d'architecture ! disponible en kiosque et sur la boutique en ligne