Véritable parcours multiple d’art et d’architecture dévoilé au cœur de la ville du Havre, le festival « Un Été au Havre » accueillera du 24 juin au 17 septembre 2023 pas moins de 29 œuvres et installations dans l’espace public, trois expositions et un grand défilé urbain prévu le jour du lancement de la manifestation.
Lancé par Jean Blaise en 2017, « Un Été au Havre » n’avait a priori pour vocation que d’accompagner la célébration des 500 ans de la ville normande. Pourtant, voilà six ans que ce triple parcours, jalonné d’une trentaine d’installations en plein air, revient chaque année. Parmi les œuvres pérennes, citons Monsieur Goéland de Stephan Balkenhol, cet homme à tête d’oiseau de près de trois mètres posté sur un perchoir aussi haut. Double arche multicolore de 280 tonnes, Catène de containers de Vincent Ganivet est devenue l’emblème de la manifestation. Gold Coast, du collectif HeHe, attire immédiatement le regard. Il s’agit d’une poignée de rochers peints en or devant le MuMA, lequel consacre actuellement une exposition au peintre Albert Marquet (1875-1947). À ces incontournables s’ajoutent une douzaine d’œuvres sélectionnées par Gaël Charbau, le nouveau directeur artistique de l’événement (voir « En coulisses », page 30), dont une version condensée de Universal Tongue (langage universel), compilation de vidéos de danse signées de l’artiste néerlandaise Anouk Kruithof, ou encore Liberté, etc. de Mathieu Mercier, douze mots en « -té » (volupté, curiosité, sensibilité…) flanqués sur le fronton de l’hôtel de ville. Encore une édition inspirée !

Gaël Charbau
Directeur artistique d’« Un Été au Havre »
« J’ai voulu que l’art lui-même parcoure la ville et la traverse. »
Cette année, « Un Été au Havre » passe entre les mains de Gaël Charbau, commissaire d'exposition et directeur artistique indépendant qui collabore depuis une quinzaine d’années avec des institutions, collectivités, mécènes divers, en France, en Europe et en Asie. Son attention au territoire n’a d’égal que sa sensibilité artistique. Rencontre.
Vous reprenez le flambeau de Jean Blaise pour quatre ans, n’est-ce pas ?
Oui. J’ai répondu à un appel à projets. Plutôt qu’une programmation, j’ai proposé une méthodologie : partir du territoire et aller à la rencontre de ses habitants, pour nourrir mon expertise. Je ne souhaitais pas d’un événement hors-sol, avec des œuvres parachutées dans la ville. C’est notamment pourquoi la styliste Maroussia Rebecq, papesse de l’upcycling, a eu l’idée d’un défilé de pièces originales imaginées, confectionnées et portées par des Havrais. Un projet participatif qui mêle différents savoir-faire, de la maîtrise du nœud marin au tricot, en passant par le collage.
Étiez-vous étranger au Havre avant votre nomination ?
C’est une ville qui m’a toujours intéressé d’un point de vue architectural mais que je ne connaissais pas en profondeur. Elle a plusieurs centres ; ce qui en fait son originalité. Auguste Perret, qui l’a redessinée après la Seconde Guerre mondiale, a su lui conférer une véritable unité.
Comment avez-vous conçu la programmation ?
Je voulais l’étendre dans le temps et l’espace. C’est pourquoi j’ai lancé, le 3 février dernier, « Métamorphoses », rendez-vous qui prolonge la précédente manifestation estivale et annonce la saison qui suit. Il s’agissait d’instaurer des échanges entre des invités de marque et le public pour réfléchir au rôle que doit jouer la culture dans la transformation de l’espace public. Cette année, le parcours s’agrandit. Les Docks Vauban accueilleront pour la première fois une installation : Universal Tongue d’Anouk Kruithof. La gare deviendra une nouvelle étape, grâce à la création d’Isabelle Cornaro inspirée des vitraux de l’église Saint-Joseph.
Avez-vous choisi un thème pour cette édition ?
Non, plus qu’un parcours d’art contraint par une thématique, je voulais que l’art lui-même parcoure la ville. Avec l’artiste Grégory Chatonsky, nous avons créé des images grâce à des intelligences artificielles nourries par des archives : 25 impressions numériques placardées sur autant de pignons d’immeubles et 25 000 cartes postales uniques et numérotées, distribuées aux quatre coins du Havre. J’ai aussi proposé que la flèche de Saint-Joseph, réinterprétée en bronze par Isabelle Cornaro, puisse changer d’emplacement d’une année sur l’autre.
