Exit le papier peint en faux liège, les carreaux à fleurs marrons de la salle de bains et les petites pièces sombres de ce dernier étage d'un immeuble des années 1940. Bonjour lumière, chêne clair, inox et séduction visuelle ! Antonio, pharmacien, a laissé carte blanche à Bogdan Peric et Andrey Mikhalev pour transformer un sinistre studio en garçonnière élégante et confortable. Pour ce faire, les architectes ont tout d'abord démoli les cloisons non structurelles qui compartimentaient le volume, afin de recomposer l'espace selon un plan cruciforme mais non cloisonné : cuisine, séjour et bureau occupent trois des quatre angles de la surface, séparés à chaque fois par une partition d'un mètre de large signifiant le changement de fonction sans pour autant briser la fluidité de l'espace. Le quatrième angle abrite la salle de bains carrelée façon Superstudio, hommage assumé à l'agence avant-gardiste et radicale active en Italie dans les années 1960 et 1970. Sauf qu'ici, les joints ne sont pas noirs mais bleu marine, « la seule couleur du projet, pour ajouter de la gaîté », expliquent les concepteurs. Écho au ciel visible depuis les deux lucarnes ! C'est certain ! D'autant que celles-ci ont été agrandies et l'inclinaison de l'épaisseur de plafond les encadrant modifiée de façon à maximiser l'éclairage naturel de la pièce. Un succès ! On retrouve encore ce bleu filant tout le long de la structure métallique de l'escalier en colimaçon menant à la mezzanine, et sur la rambarde. Une ligne directrice à la fois fonctionnelle et esthétique, nouvelle référence artistique des architectes au suprématisme russe cette fois, ses successions de droites, de courbes et d'aplats colorés, également destinée à accentuer la continuité de l'espace.
« Malgré un budget très serré, cette rénovation multiplie les clins d'œil graphiques pour un résultat original et séduisant. » Untitled Architecture
Servant de support à la rambarde et au sol de la mezzanine, une colonne en inox a été érigée au centre de la pièce. Toujours dans un souci graphique mais aussi dans le but de magnifier la lumière pénétrant l'intérieur, les concepteurs parent la tranche des partitions séparant cuisine, séjour et bureau, du même revêtement en inox - qui, lorsqu'éclairé directement, tend presque à disparaître. Placards et tiroirs intégrés courent quant à eux le long des parois de façon à exploiter la faible hauteur due à l'inclinaison du plafond et libérer l'espace central. Troisième et dernière référence culturelle, l'emploi du marbre de Carrare pour les deux premières marches de l'escalier, dont les rainures tranchent avec la géométrie du projet. Malgré un budget très serré, cette rénovation multiplie les clins d'œil graphiques pour un résultat original et séduisant.