Nous sommes au Vietnam, dans le quartier 10 d’Hô Chi Minh où l’urbanisation est particulièrement dense. C’est ici qu’a vécu pendant plus d’un demi-siècle Madame Nga, une femme de 80 ans, dont l’un des fils a souhaité lui offrir une maison sur mesure, avec tout le confort pour y recevoir ses nombreux enfants. « Elle a connu le quartier quand il n’était encore qu’une forêt, commente Sanuki Daisuke, l’architecte en charge du projet. Alors nous avons voulu lui créer une maison où l’impression d’ouverture et d’espace domine, malgré le contexte urbain. » Entamée en août 2015 après 4 mois de conception, la construction se révèle compliquée, notamment à cause des difficultés d’accès au site, enclavé au cœur d’un îlot d’immeubles et uniquement desservi par d’étroites allées. Deux ans et demi seront nécessaires pour édifier cette maison de 325 mètres carrés habitables répartis sur trois niveaux. Sur ce terrain de seulement 177 mètres carrés, l’exploit est d’autant plus remarquable que le résultat fait oublier l’omniprésence de la ville.
« La clef de ce projet était de donner une impression d’espace. Comme si on vivait dehors, comme si la place n’était pas un luxe », explique Sanuki Daisuke.
Tout en angles et en courbes, la maison se glisse au millimètre entre les autres bâtiments, se jouant de leur regard par de savants jeux de retrait. Invisible depuis la rue, presque sans aucun vis-à-vis, elle n’est pas faite pour être vue de l’extérieur, mais pour en profiter quand même. À l’intérieur, l’architecte imagine un vaste open space continu : « Hormis les cinq chambres et les salles d’eau, le reste de la maison est complètement ouvert. Entre l’entrée au rez-de-chaussée et le bureau au deuxième étage, il n’y a aucun mur, ceci afin de mieux relier chaque niveau. » Ce plan intérieur décloisonné et en escalier donne un sentiment d’espace renforcé par la multiplication des ouvertures, et donc des sources de lumière naturelle. « Nous avons appliqué le même ciment étanche pour couvrir les murs périphériques, à l’intérieur et à l’extérieur de la maison, afin d’estomper les frontières entre les espaces » ajoute encore Sanuki Daisuke. Truffée de balcons, de terrasses et surplombée par un rooftop aménagé, cette habitation s’ouvre autant qu’elle se dérobe.
Loin des clichés contemporains qui collent à la peau des métropoles asiatiques, c’est le parfait refuge pour oublier l’urbanisation galopante.
► Article paru dans le Hors-série 43 : Les plus belles maisons plein soleil !actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne