Une maison de vacances sur l'île de Kéa, dans les Cyclades, ils en avaient longtemps rêvé, bercés par les souvenirs d'enfance de leurs vacances en Grèce. Lorsque l'occasion s'est présentée d'acquérir un lopin de terre dans la vallée de Pisses, à 300 mètres de la plage, ce couple austro-grec d'avocats vivant à Vienne n'a pas hésité.
Le relief de l'île est sec et rocailleux, mais à mesure que l'on s'approche de la mer, la terre devient verdoyante -y poussent vignes, oliviers, amandiers et cyprès. Le terrain choisi n'est pas des plus faciles et l'architecte, Faidra Matziaraki de l'agence barcelonaise Cometa Architects, a prévenu ses clients : le site est très en pente (2 % de plus et ils n'auraient pas obtenu de permis de construire), et en plus des réglementations constructives strictes de l'île, il faudra respecter celles des autorités archéologiques, la parcelle se trouvant proche d'un village antique. Qu'à cela ne tienne, le couple qui y projette déjà ses étés est prêt à faire des compromis. En outre, ses désirs sont relativement simples, à distance de leur vie viennoise un peu guindée : vivre dans le respect de la nature, au plus près de celle-ci. Pas de grand geste architectural, pas de piscine, pas de paysagisme superflu.
Ils tombent ainsi immédiatement d'accord avec la proposition de la conceptrice : une petite habitation en pierres sèches (technique traditionnelle la plus répandue sur l'île) qui épouse le relief pour mieux s'y fondre.
Le volume de la maison est quant à lui fragmenté en trois entités afin d'éviter un ensemble compact trop voyant et surtout trop difficile à rafraîchir en été : les pièces à vivre en aval et les chambres à coucher en amont sont ainsi reliées par une tourelle abritant les circulations. « Elle permet de ventiler l'ensemble de la maison grâce à ses petites ouvertures. C'est une typologie que l'on retrouve souvent dans la région », explique l'architecte. Le programme est réduit au strict minimum -un séjour-cuisine, deux chambres à coucher, une salle de bains ainsi que deux minuscules chambres d'invités -pour diminuer les coûts d'entretien, mais aussi en raison des limites de la surface constructible. L'été, néanmoins, la superficie double grâce aux quatre terrasses entourant et surmontant la maison. Celle se trouvant au niveau inférieur est ombragée par une pergola. Son aménagement intégré est spartiate : deux bancs coulés dans le béton et un plateau de table en bois massif. On s'y retrouve en famille et entre amis après la plage, on y prend ses repas et y bavarde jusque tard dans la nuit. Les terrasses de l'étage, desservant les chambres à coucher, peuvent faire office de solarium. Reliés par des escaliers, ces espaces extérieurs constituent autant de lieux de vie que la famille s'est facilement appropriés. Au-delà de la maison, la terre est laissée à l'état sauvage, selon les souhaits des clients qui pourront bientôt récolter les premiers fruits des oliviers qu'ils ont eux-mêmes plantés.
« Les techniques traditionnelles n'étant plus très bien maîtrisées, j'ai fait des recherches pour me familiariser avec le choix, la pose, la taille des pierres et la façon de traiter les angles. Nous nous sommes assurés que tout cela était fait dans les règles de l'art par les ouvriers locaux. » Faidra Matziaraki, architecte
► Article paru dans le Hors-série 43 : Les plus belles maisons plein soleil !actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne