À la poutre ou au pilier, Hans-Walter Müller a préféré la bulle. Depuis 47 ans, c'est dans un gonflable - globule replet discrètement arrimé à un sous-bois de la Ferté-Alais en Essonne -que ce concepteur inclassable vit et crée, avec l'air plutôt que la pierre. Dès 1968, celui qu'on surnomme « Müller la rustine » dilate ses premières architectures, les « Volux », au musée d'Art moderne.
Cinquante ans plus tard, le CAUE 69 consacre une exposition à cet architecte « gonflé », dont les structures aériennes n'ont cessé de défier les lois de la pesanteur. Sa commissaire, l'architecte et plasticienne Laurence Falzon, les a découvertes étudiante sur une plage de Calvi : pour les 10 ans du Festival du Vent, Hans-Walter Müller y avait fait s'envoler l'hémisphère d'un chapiteau. Parachutée dans son univers flottant par le biais d'un stage, elle débute alors une longue collaboration avec ce créateur atypique, dont l'œuvre ne se distingue pas d'un quotidien singulier :
« Les gonflables sont pour lui un choix de vie, rappelle-t-elle. D'abord parce qu'il vit dans l'une de ses structures, ensuite parce qu'il suit une économie de projet bien à lui, où la plus-value se situe dans l'expérience et non pas dans le bénéfice. »
L'artiste n'a ainsi cessé d'innover : église aérienne pour le curé de Montigny-lès-Cormeilles, atelier pour Jean Dubuffet, bulle d'accueil pour les migrants de Paris ou théâtre ventousé sur un parvis de Barcelone, ses bâtiments apparaissent et disparaissent, un peu comme par magie. Si dans sa jeunesse Hans-Walter Müller a été prestidigitateur, son attrait pour les gonflables s'explique plutôt par sa relation à l'image : dans les années 1950, le jeune homme intègre le mouvement cinétique aux côtés d'artistes comme Nicolas Schöffer ou François Morellet. Il y invente la topoprojection, procédé de diffusion visuelle qui place le spectateur au centre d'une cathédrale de couleurs.
« Son monde est sous-tendu par cette idée d'entrer dans les images, conclut Laurence Falzon. Le gonflable est arrivé dans la continuité de cette recherche, avec ses parois courbes enveloppantes qui peuvent jouer le rôle d'écran. » Une peau maintenue en tension par une soufflerie, et qu'à 82 ans, Hans-Walter Müller continue de faire respirer.
INFORMATIONS PRATIQUES
⇒ Exposition «Hans-Walter Müller // La vie à l'œuvre" »
♦ Dates : Jusqu'au 31 mars 2018
♦ Lieu : CAUE Rhône Métropole - 6bis, quai Saint-Vincent 69001 Lyon
♦ Pour en savoir plus : www. caue69.fr