Vous qui rêviez de devenir égérie d'une chaîne de jardinerie, ça vous émeut de parrainer les Journées de Chantilly ?
Vous savez, dans mon métier, on n'est jamais pris au sérieux ( rires ). Quand ils m'ont vu arriver, certains pépiniéristes avaient un petit air narquois, et puis quand ils ont compris qu'ils avaient affaire à un passionné de plantes, certains sont même devenus des amis. Parrainer les Journées de Chantilly, ça me fait donc très plaisir, d'autant que j'y ai fait de nombreuses trouvailles ! J'y ai par exemple déniché un poivrier dont j'adore le tronc et les branches piquantes.
Le titre de votre livre est Pelouse interdite . Y-a-t-il des choses que vous vous interdisez en matière de jardinage ?
Pelouse interdite , ce titre vient d'une plaque émaillée posée sous mon olivier. C'est une inscription que j'ai vue durant toute ma jeunesse et qui ne veut plus dire grand chose, d'autant que me concernant je ne suis pas très pelouse. À vrai dire, je ne m'interdis pas grand chose en matière de jardinage, hormis les pesticides, les produits chimiques nocifs et étranges. Après, les géraniums, les rosiers, vous aurez compris que ce n'est pas pour moi. Je préfère les plantes originales, les camphriers, les fougères arborescentes…
Période "euphorbe", période "penstemon"... En lisant votre ouvrage, on voit votre jardin évoluer sans cesse... Où en est-il aujourd'hui ?
C'est le grand retour à la période « phlox » ! Je trouve ces fleurs magnifiques, généreuses. Et puis c'est classe, de belles fleurs dans un jardin. À chaque tournage, je fais la tournée des pépinières. Je tournais un film à Boulogne-sur-Mer, et j'ai craqué sur plein de variétés différentes. L'avantage, quand on achète des plantes dans le nord de la France, c'est aussi que l'on peut être à peu près sûr qu'elles reprennent bien à Paris.
On a l'impression que vous prenez un malin plaisir à ne pas suivre les recommandations de vos amis jardiniers : quelle est la pire gaffe que vous ayez faite ?
J'ai osé planter des camélias en plein soleil ! C'est Catherine Deneuve qui me les a fait déplacer avant qu'ils ne soient complètement cramés, et ils vont beaucoup mieux depuis qu'ils sont à l'ombre… Par contre, on m'avait dit de rentrer mes fougères arborescentes en hiver, et comme elles prennent beaucoup de place je les ai laissées dans le jardin. Contre toute attente, elles ont finalement tenu. Le seul avantage à ce que les hivers disparaissent, c'est que je peux laisser mes plantes tropicales dehors, mais cela me rend triste, ce n'est pas normal. On ressusciterait un paysan des années 1920, qu'il ne comprendrait rien…
En guise de conclusion, vous avez un conseil pour le lecteur qui souhaiterait jardiner comme Élie Semoun ?
Demande-toi ce dont la plante a besoin ! Ce qui est important, c'est la bonne plante au bon endroit. Tous ceux qui vous disent « oh, moi, je fais crever les plantes, » ne se renseignent en général pas sur les goûts des végétaux qu'ils achètent. S'informer, c'est vraiment le b.a.-ba ; les azalées par exemple, elles aiment la mi-ombre, la terre de bruyère. Comme les êtres humains, les plantes ont des préférences. Au final, c'est cela qui explique que l'on puisse se planter -ou pas - en achetant une fleur !
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