Rédigé par Jean-Philippe Hugron | Publié le 09/05/2019
La demande était simple : une maison avec des ronds ! Atelier du Pont leur a curieusement préféré des triangles. Faut-il y voir un goût prononcé pour la contradiction ? Plutôt une solution adaptée à un art de vivre original. Quoi qu’il en soit, il y a, dans ces murs, une courbe, seule et unique, consentie pour l’escalier qui relie les deux niveaux de cette étrange construction aux allures de hameau familial en marge de la forêt landaise. Comme il fallait, pour ce projet, être le moins ostentatoire, le plus discret possible, se positionner en retrait de la rue et se placer au cœur d’une sombre pinède du Cap-Ferret, les architectes ont profité d’un dénivelé au fond de la parcelle pour créer une maison de vacances offrant la plus grande liberté d’usage. Si chacun peut s’isoler et se préserver des regards envieux et curieux venant de l’extérieur, il peut aussi, à l’intérieur, se protéger d’une trop forte promiscuité.
C’est bel et bien un ensemble de cabanes qui a été imaginé pour satisfaire un impérieux désir d’intimité.
Les chambres sont donc regroupées dans plusieurs volumes isolés où jamais la lumière n’arrive de la même manière, offrant ainsi une variété de situations. Le rapport à l’extérieur n’en est que plus savamment orchestré. Aucune relation n’est frontale pour mieux se prémunir de tout vis-à-vis. Que pouvait donc bien faire ici un rond? Absolument rien! Lignes biaises et obliques, angles obtus et pointus ont été, en ce sens, privilégiés. Il fallait, qui plus est, répondre à un règlement d’urbanisme contraignant –tradition quand tu nous tiens ! – exigeant des toits à deux pentes, aussi raides qu’ennuyeuses, et, somme toute, bien loin des quelques protubérances rêvées. Alors le dessin s’est amusé de la règle pour la détourner. De double, il y a triple, quadruple... quintuple pente ! Certes, il fallut, pour ce faire, négocier. Longtemps. Trop longtemps même. Clients et architectes ont, avec force conviction, eu raison de réflexes traditionalistes. L’accumulation de ces volumes disparates dessine alors une micro-urbanité originale de recoins et autres placettes aux allures de deck et de ponton s’étirant jusqu’à la piscine. En définitive, ce parti architectural n’impose pas une construction pourtant importante. Les 300 mètres carrés ne sont, dans leur ensemble, jamais perceptibles d’un seul coup d’œil. Ce délicat jeu de proportions et d’échelles participe alors de la bonne intégration de la maison dans son paysage. Qui plus est, les façades de bois, par mimétisme avec la pinède, contribuent à son effacement. Une architecture tout en subtilité.
3 questions à Anne-Cécile Comar de l'Atelier du Pont :
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À quel type de maison aspiraient vos clients ?
Ils souhaitaient une maison de vacances facile à vivre où chacun, libre et indépendant, puisse être tranquille. Il fallait toutefois, en parallèle, imaginer des lieux de convivialité. Cet endroit devait avant tout permettre aux sept enfants de la famille, de tous âges, de se retrouver le temps d’un été.
Quelles étaient les contraintes du site ?
Le terrain présente une forme particulière. Les règles d’urbanisme nous imposaient de bâtir en fond de parcelle. Qui plus est, nous sommes au cœur d’une pinède. L’enjeu était de trouver le plus de lumière possible. Pour ce faire, nous avons créé de nombreuses verrières plein ciel.
Comment expliquez-vous la géométrie singulière de votre réalisation ?
Nous devions construire une maison relativement grande. Nous souhaitions, malgré ses dimensions, l’inscrire dans son site. Nous l’avons alors imaginée faisant partie du terrain afin que son emprise au sol soit moindre. Seules quelques cabanes émergent. Elles participent à cette volonté d’offrir des unités indépendantes à ses habitants.
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► Article paru dans le Hors-série 34 spécial Créations françaises