Maëlle Campagnoli : Pouvez-vous nous présenter Ciguë en quelques mots ?
Hugo Haas : Une agence, un collectif et surtout un groupe de six copains qui se sont rencontrés à l’école d’architecture de la Villette en 2003, en 2e année. Après quelques bricolages collectifs et très instinctifs (maquettes pour le Pavillon de l’arsenal, mobilier sur mesures, etc. [ndlr]), nous avons créé une SARL de menuiserie pour pouvoir facturer notre premier chantier de réhabilitation. Une expérience qui nous a beaucoup appris, en étant à la fois architectes et artisans, avec au programme démolitions, menuiserie, plomberie, électricité, et courses à la Plateforme du bâtiment ! Ça nous a vite appris un certain réalisme et développé notre intérêt pour la fabrication, le détail, le sur mesure. Depuis, nous savons vraiment dessiner une porte ou un escalier ! Après notre diplôme en 2008, nous avons aussi monté une SARL d’architecture et finalement gardé les deux structures.
M.C. : Comment définiriez-vous votre démarche ?
H.H. : Elle est avant tout instinctive, le fruit d’une approche assez empirique du projet, construite – au sens propre comme au figuré – sur le tas, au fur et à mesure. Nous sommes plutôt dans une logique d’efficacité, de simplicité, d’honnêteté. Nous avons commencé assez jeunes à travailler ensemble, et tôt dans notre formation. Aujourd’hui, il faut être un peu plus efficace pour faire vivre l’entreprise. L’activité s’est effectivement bien développée depuis deux ans, en particulier grâce à l’architecture commerciale et à la mode.
M.C. : Comment s’est nouée votre collaboration avec Aesop ?
H.H. : Tout a commencé chez Merci, pour un événement que la marque de cosmétiques organisait dans le magasin et à l’issue duquel elle souhaitait conserver un corner. Elle a alors demandé au directeur du concept store si celui-ci connaissait de jeunes architectes pour s’occuper du projet… Nous en sommes au 7e ! Toutes les boutiques sont des espaces réfléchis et différents. Les alignements de produits font partie de la charte. Les flacons ont une identité très marquée et homogène. Pour des architectes, c’est un point d’accroche très fort. Ici, par exemple, en guise de présentoir, nous avons réalisé une série de carreaux de plâtre. Et les moules en bois [maison, ndlr] deviennent les étagères sur le mur opposé. Pour l’évier, le cadre est en bois, le volume en acier et le plombier a ensuite adapté la tuyauterie. Évidemment, cela coûte beaucoup plus cher, mais sur les éléments techniques, comme l’évier, nous aimons garder une marge de liberté pour adapter les dimensions, la forme, ou la finition, en fonction du contexte. D’ailleurs, nous avons reçu des commandes ! Quinze exemplaires de celui de la boutique du quartier du Marais à Paris ont été vendus !