Depuis sa disparition en 1999, nous ne cessons de redécouvrir Charlotte Perriand. Cet été, jusqu'au 26 septembre, les Rencontres d'Arles dévoilent une facette graphique de l'architecte et designer française, qui, à travers son « art d'habiter », a consacré son existence à l'amélioration des conditions de vie du plus grand nombre. Au Monoprix de la cité arlésienne, l'exposition « Charlotte Perriand. Comment voulons-nous vivre ? Politique du photomontage », présente ses fresques monumentales.
Dans les années 1920, l'artiste use de la photographie, ce médium de la modernité, pour créer d'impressionnants montages géants dans lesquels elle mêle ses propres images à celles trouvées dans la presse, agrandies et re-photographiées, à des statistiques ou encore des citations poétiques. De la récup'au sens noble du terme, donc, pour des créations extra larges, au pouvoir visuel indéniable et à l'esthétique puissante, que l'époque appelle « dioramas ». Ces affiches d'un nouveau genre, la pionnière les utilise pour transmettre et dénoncer, s'insurgeant contre la misère ou vantant les bienfaits de l'agriculture mécanisée, en tapissant par exemple la salle d'attente ou le pavillon du ministère de l'Agriculture.
Très inspirés par le constructivisme russe, ses tableaux, entre fascination pour l'image et éducation des masses, sont intéressants aussi pour ce qu'ils révèlent de la société de l'entre-deux guerres, entre volonté de croire aux lendemains qui chantent et menace des nationalismes. Sous la houlette de l'historienne d'art Damarice Amao, cet affichage qui aurait pu être une simple exploration d'archives nous en met ainsi plein les mirettes, faisant revivre, par le truchement de négatifs agrandis, des œuvres aujourd'hui disparues ainsi que l'engagement d'une artiste aux multiples talents.