Et si le plus beau musée de l'été était à ciel ouvert ? Et s'il ne s'agissait pas vraiment d'un musée, mais d'une ville entière ? Pour la troisième année consécutive, les rues de celle que l'on surnomme « la Venise des Alpes » se transforment en galerie d'art à l'occasion du festival Annecy Paysages, révélant, au détour d'une rue, au beau milieu d'un parc ou d'un cours d'eau, les œuvres de la crème de la scène créative contemporaine.
Dans les Jardins de l'Europe, le Wicker Pavilion , écrin d'osier de l'architecte letton Didzis Jaunzems invite à la méditation ; non loin de là, la réalisatrice Sophie Laly fait apparaître, à la nuit tombée, le spectre d'une maison islandaise baptisée FADING #5 sur la végétation luxuriante de l'Île des Cygnes. Dans la vieille ville, avec en arrière-plan le Palais de l'Île, vogue sur le canal du Thiou un étrange Trois-mâts planté de ginkgos, tout droit sorti de l'imagination du Belge Bob Verschueren, tandis que le long de la promenade d'Albigny, les sphères flottantes d'Elsa Tomkowiak font le bonheur des férus d'Instagram… Avec près d'une trentaine d'œuvres disséminées dans toute la ville, cette édition 2020 a de quoi éblouir. Pourtant, dire qu'elle n'a pas vu le jour sous les meilleurs auspices relève de l'euphémisme : le contexte sanitaire, entravant l'arrivée des artistes comme celle des matériaux nécessaires à la conception des œuvres, a bien failli provoquer son annulation. La nuit même de l'inauguration, la Breathing Lotus Flower , symbole de la manifestation signé Choi Jeong Hwa, était honteusement éventrée. N'en déplaise aux virus comme aux vandales : le cœur d'Annecy Paysages, lui, n'a pas cessé de battre...
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