Un jour, ces deux jardiniers en manque de verdure, invités à prendre l'apéritif chez leurs nouveaux voisins, remarquent de florissants massifs : ils ont été conçus par le paysagiste Alexandre Tonnerre, les informe-t-on. Un coup de fil plus tard, voici le concepteur chez eux, avec pour mission « de retrouver ici l'esprit de leur jardin » , se souvient Alexandre Tonnerre. Celui-ci a donc tiré parti de la configuration du lieu, sa pièce de vie enchâssée entre un petit balcon et une terrasse, « pour donner l'impression d'un appartement posé au milieu d'un grand jardin. » Tout en ouvrant une perspective dégagée sur le plus haut gratte-ciel parisien, désormais aperçu dans un écrin de floraisons…
LA SOLUTION DU PAYSAGISTE PAS À PAS
1. Qui dit terrasse dit forcément jardin de pots. Ici, Alexandre Tonnerre a dessiné les contenants de cette terrasse « volontairement sans tenir compte des angles droits, de façon à se distinguer des lignes du bâti alentours. » Par la profusion de ses feuillages et par ses formes libres, la terrasse s'échappe du carcan urbain.
2. Dans les petits espaces, il ne faut pas hésiter à tirer parti des verticales. Courbée au-dessus de la verdure, une arche semble ici ouvrir une porte vers un autre monde : « C'est le subterfuge idéal dans ce type d'aménagement, car elle a un fort pouvoir d'évocation, ne prend pas de place et peut par ailleurs servir de support à de nombreuses grimpantes », analyse le paysagiste.
3. S'il est important en ville de se protéger des vis-à-vis, les beaux panoramas, à l'inverse doivent être mis en valeur : ici la tour Montparnasse a été encadrée par la végétation. La nuit, l'éclairage est par ailleurs éteint dans cette partie de l'espace, afin de mieux laisser apprécier les jeux de lumière sur la façade du building.
LES ASTUCES
♦ CACHER LES POTS
Pour accentuer l'ambiance champêtre du lieu, un système de double-pots fait la part belle à « une matière authentique, qui se marie bien avec le végétal : du bois d'une centaine d'années récupéré dans une vieille grange. » En prolongeant les bords des jardinières, ce dispositif permet en plus de poser son sécateur, son livre ou son téléphone sur le rebord sans risquer de le perdre à l'intérieur du massif.
♦ CREUSER LA PROFONDEUR
Pour donner du volume aux petits espaces, Alexandre Tonnerre conseille, dans un même contenant, de planter plusieurs plantes de hauteur différente : « Aperçues les unes derrière les autres, elles accroissent l'impression de profondeur de champ dans des espaces qui ne sont en général larges que d'un ou deux mètres ! »
♦ VOIR VERT
Plus que les fleurs, les jardins urbains ne doivent pas négliger le pouvoir des feuilles, arme fatale pour se protéger des vis-à-vis en toute saison, à condition de les choisir persistants. Sur cette terrasse, un méli-mélo de camélias et de cyprès, « une variété totem, très compacte et donc impénétrable », fait barrage aux regards indiscrets.