Les toits de Paris ont toujours été une importante source d'inspiration pour les artistes. Aussi bien en peinture pour Vincent van Gogh qu'au cinéma avec le cinéaste François Truffaut. Si bien qu'en 2015, la maire du 9e arrondissement de Paris, Delphine Bürkli, propose de les inscrire au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Alors, lorsque l'architecte Maxime Jansens a dû intervenir sur certains toits dans le cadre de la rénovation d'un duplex dans le 1er arrondissement, il a fallu qu'il compose avec les architectes des bâtiments de France (ABF) qui assurent la conformité des constructions et rénovations aux abords de monuments historiques. Son intention de départ était d'installer une grande fenêtre panoramique sur le toit du séjour. Mais les échanges avec les ABF ont abouti à une solution plus modeste : l'ajout d'un troisième chien-assis, identique aux deux premiers. Ceux-ci sont également intervenus sur la chambre où personne ne tenait debout, même sous le point le plus haut du faîtage. L'architecte souhaitait surélever la toiture entière afin d'avoir une importante hauteur sous plafond ; à la place, il a dû la redessiner et y ajouter des ouvertures. Finalement, ce compromis permet d'apporter de la lumière naturelle en plus d'offrir une vue sur le Sacré-Cœur et la tour Eiffel depuis le lit.
Hormis ces contraintes historiques, « le plus grand défi de ce projet a été de faire de la toiture un prolongement de l'appartement sans tomber dans le travers des petits espaces sous combles accessibles par des échelles », explique Maxime Jansens.
Pour cela, lui et son équipe ont créé deux escaliers, l'un qui relie la cuisine à la terrasse, l'autre qui donne accès à la chambre, elle-même donnant sur la terrasse. Cette circulation en boucle fermée, passant par l'extérieur, donne « la sensation d'être dans une maison plutôt qu'en appartement ». Pourtant, tous ces aménagements n'ont pas été aisés : le chantier se trouvant au 6e étage de l'immeuble, avec un escalier collectif étroit, les constructeurs ont dû installer une poulie pour transporter l'ensemble des matériaux : parquet en chêne massif, zelliges en faïence faits main pour la salle de bain, peinture blanche pour les murs et charpentes. La cliente étant très attachée au Maroc, l'ensemble du projet devait permettre de marcher pieds nus, de jouir du soleil dans chaque pièce - y compris dans la douche grâce à une cloison vitrée - et de profiter du toit-terrasse. Un petit coin de sud au cœur de Paris.
⇒ À lire : « Trois questions à Maxime Jansens Architecte »
Article paru dans le Hors-Série 41 : 1001 désirs d'intérieur
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