Car malgré l'abondante littérature existant au sujet du travail de l'architecte, designer, photographe, voyageuse, militante -la liste est longue -, ou les innombrables événements qui lui ont été consacrés, il ne subsiste dans les esprits que quelques bribes. Une chaise longue par-ci, par-là, le nom de Le Corbusier fréquemment accroché au sien, et peut-être deux ou trois images d'immeubles quelque part au milieu des Alpes. Ce, bien que l'on sache, que la dame a compté au XXe siècle. Ainsi, à la seconde question posée par Laure Adler, la réponse est probablement : un peu des trois. C'est en tout cas l'ambition de la grande rétrospective qu'organise la fondation Louis Vuitton, sobrement intitulée Charlotte Perriand. Réunissant archives, mobiliers, peintures, photographies, etc., l'exposition invite à un voyage dans le XXe siècle, à travers les yeux et les projets de Charlotte (1903- 1999). Elle met ainsi en lumière les liens visionnaires qu'elle a tissés entre art, architecture et design, au service de l'invention d'un nouvel art de vivre… total, et nourri de multiples cultures, durable avant l'heure, guidé par un engagement intellectuel et politique profond, replaçant l'individu au centre de la création.
Le parcours est ensuite organisé par périodes, du début de sa carrière dans les années 1920, oscillant entre fascination pour l'industrie et nécessaire retour vers la nature ; puis son engagement en faveur d'un habitat digne et moderne avec La Maison du jeune homme en 1935. Une galerie est également consacrée à son séjour japonais dont elle tirera des influences multiples. Les cinq dernières sections abordent l'après-guerre et la Reconstruction, le projet de la station de ski Les Arcs, ses contributions au monde des musées et des collectionneurs, pour terminer avec La Maison de thé, qu'elle réalise en 1993 pour l'UNESCO.
* Charlotte Perriand, de Laure Adler, éditions Gallimard, septembre 2019, 304 pages, 29,90 euros.