Toutes les maisons se prêtent-elles à un projet d'extension ou existe-t-il des critères éliminatoires ?
Hormis les critères urbains réglementaires (PLU et notamment distance des limites séparatives, emprise au sol, prospect), toutes les maisons se prêtent à un projet d'extension. Le caractère patrimonial éventuel de la construction initiale doit conduire à s'interroger plus encore sur la question du rapport entre l'extension et l'existant, sur la stratification de l'architecture, sur la juxtaposition des projets.
Parfois la disposition de la maison est telle qu'il semble incongru d'ajouter une extension. Ainsi, dans le cas d'une symétrie marquée, l'ajout d'une aile sera malvenu… Mais il existe des réponses adaptées à chaque cas de figure.
Une extension peut totalement assumer son caractère propre ou se fondre partiellement dans l'existant ; comment choisissez-vous ?
C'est au cas par cas… Quand on travaille à partir d'un existant, on ne part jamais d'une page blanche ! C'est à la fois un point d'appui pour le projet et une exigence. Plusieurs approches sont possibles : par appropriation, en réaction, en opposition, en prolongement, etc.
La maison Parigots est une maison qui a été construite et pensée isolée dans les années 1930. À l'époque, la maison était entourée de vergers et d'autres petites maisons disséminées. L'écriture de l'extension procède de ce caractère : le pignon bien visible et face à la rue ⟩ à la différence des maisons alignées qui accolent leurs pignons. Pour cette maison, nous avons introduit l'idée de gémellité, pour réécrire les extensions antérieures de la maison dans un nouveau rapport architectural et urbain. L'extension présente un caractère propre mais qui découle de l'existant ⟩ par dédoublement ⟩ et réaffirme le caractère isolé originel.
Pour la maison SPE qui avait été présentée dans Architectures À Vivre n°101 nous avions, à l'inverse, fait disparaître la maison dans le paysage des restanques et rendu la façade principale totalement abstraite par le jeu des plans de mono-matières et les reflets du verre. Cette proposition répondait également à la remarque que nous avons faite plus haut d'une maison existante avec une symétrie marquée.
Par quels dispositifs architecturaux peut-on lier l'intérieur de l'extension avec l'existant ?
L'existant impose généralement son nivellement et ses hauteurs d'étages ; il faut donc s'approprier sa spatialité pour interagir et marquer cette nouvelle liaison. La mise en lumière ⟩ naturelle autant que possible ⟩, le détail des escaliers créés ou modifiés, ainsi que le dimensionnement des ouvertures réalisées sont des exemples typiques de réponses.
Pour la maison Parigots, nous avons gardé l'escalier existant que nous avons intégré dans l'extension tout en accentuant la hauteur avec la création de plafonds rampants. Nous avons installé deux châssis de toit dans ce volume pour que la lumière pénètre au cœur de la maison et établisse une connexion évidente.
► Lire l'article « Extension en ossature bois d’une maison individuelle à Suresnes par Ellena Mehl architectes »