Surprenante Dublin, âgée et adolescente en même temps, qui semble effectivement n’avoir pas changée depuis ses développements géorgiens jusqu’au début des années 1970, où durant les deux décennies suivantes tout aura eu lieu, tant du point de vue social, qu’économique et culturel.
VIKINGS ET ANGLAIS
Dublin est une ville peu étendue où il est très facile de s’orienter. Traversée d’ouest en est par le fleuve La Liffey, elle s’est développée de façon concentrique entre le Royal Canal au nord et le Grand Canal au sud, tous deux percés à la fin du XVIIIe siècle. Pour la parcourir, il suffit de partir de son origine, et donc du quartier médiéval, sur la rive sud à l’ouest. Allez faire un tour à Dublinia, dont la scénographie désuète vous en apprendra malgré tout beaucoup sur les Vikings, fondateurs de la ville. À deux pas, The Dublin Castle, ancien siège de la domination anglaise pendant près de huit siècles, a été érigé au début du XIIe siècle par les anglais qui venaient d’envahir l’île avec les Normands. Tout prêt, la cathédrale Christ Church, dont le chantier commença en 1038 sous l’égide d’un roi Viking et qui fut reconstruite et complétée par les AngloNormands durant les XIIe et XIIIe siècles. Le temps et le sol en tourbe ont hélas eu raison d’une grande partie de l’édifice. Si le mur nord est bien daté de 1230, les diverses campagnes de restaurations et les ajouts victoriens en ont brouillé la lecture. Au sein de ce tout petit quartier, il y a beaucoup d’autres lieux à ne pas manquer comme la charmante église médiéval Saint-Audoen, Smock Alley, le plus ancien théâtre ouvert en 1662, ou encore The Chester Beatty Library et son inoubliable collection d’enluminures et autres manuscrits anciens.
CŒUR GÉORGIEN
Durant toute la domination anglaise, ce sont les XVIIIe et XIXe siècles qui déterminent le visage actuel du centre-ville. Au sud de La Liffey, les quartiers et les jardins paysagers sont charmants et les édifices remarquables nombreux. Henrietta Street est la rue la plus emblématique de l’histoire du style géorgien dublinois: développée entre 1720 et 1750, elle fût bourgeoise avant d’être occupée par les paysans privés de leurs terres qui s’y entassaient dans l’insalubrité la plus totale. Elle fût restaurée à la fin des années 1970. Sur College Green, vous pourrez visiter la Bank of Ireland, inaugurée en 1739, où siégeait l’ancien parlement irlandais aboli en 1801. Empruntez Grafton Street, rue commerçante dont les nombreuses enseignes n’empêchent pas d’apprécier son architecture. Allez ensuite prendre l’air dans le charmant parc Saint-Stephen’s Green créé en 1664 et entouré de belles maisons bourgeoises typiques, dont certaines d’origines. En empruntant Merrion Row, au nord-est, vous atteindrez l’autre parc Merrion Square avant de rejoindre la Leinster House construite en 1748, ancien palais des Ducs de Leinster et aujourd’hui siège du parlement, puis le Natural History Museum ouvert en 1856 ou encore la National Gallery de 1864 et dont la sublime extension de 2002 est signée Benson & Forsyth architects. Et enfin sur Kildare Street, la National Library inaugurée en 1877 et le National Museum, bâtiment jumeau du précédent, tous deux signés par l’architecte irlandais Thomas Newenham. Après la visite de Trinity College, la plus ancienne université du pays, remontez au nord vers le célèbre quartier de Temple Bar qui ne tient pas son nom des troquets qui l’animent mais de Sir William Temple (1628-1699), parlementaire irlandais qui y vécu et dont la maison du gardien se disait «bar ».
VILLE DE RÉVOLTES
De nombreuses rébellions et guerres de religions ont marqué l’histoire de la république d’Irlande. Emblème de ces violents événements, la prison située dans le quartier de Kilmainham à l’ouest de Dublin, The Kilmainham Goal ouverte en 1796, agrandie en 1864 et fermée en 1924. Lieu de détention, de rétention avant déportation vers l’Australie mais aussi d’exécutions, elle est aujourd’hui un outil de compréhension des conflits. De nombreux leaders y ont été emprisonnés, voire exécutés: ceux des rébellions de 1798, de l’insurrection de 1916, de la guerre d’indépendance de 1919 ou encore de la guerre civile de 1922. Pour vous remettre de vos émotions, allez vous ressourcer au Phoenix Park tout proche, et parcourez les galeries de l’Irish Museum of Modern Art (IMMA), installé dans l’ancien hôpital construit au XVIIe siècle sur le modèle des Invalides parisiens.
PAS MODERNE MAIS CONTEMPORAINE
Pour les passionnés d’architecture, il est particulièrement interpellant de constater que le Modernisme n’a que très peu œuvré à Dublin. En dehors de deux sublimes bâtiments situés à Trinity College et de la gare routière Busáras Central Station construite par Michael Scott et inaugurée en 1953, ainsi que de quelques opérations de logements, il semble, comme le disait donc John Mcgahern, que la Capitale soit passée au travers de ce mouvement. Il est aussi frappant de visiter les «nouveaux» quartiers de Docklands et de Grand Canal, dont le développement a été stoppé net par la crise financière qui paralysa le pays entre 2008 et 2011. Ainsi l’architecture de ces opérations d’envergures est marquée par une aura très «années 1990» et des références ténues aux styles géorgiens. Les bâtiments les plus récents, comme le théâtre signé Daniel Libeskind et le Convention Center de Kevin Roche, tous deux ouverts en 2010, et les nombreux chantiers en cours, marquent alors la sortie de crise et le futur de la capitale irlandaise.
► Lire l'article « Le Bord Gáis Energy Theatre à Dublin signé Daniel Libeskind »
► Article paru dans le Hors-série 39 spécial Week-ends d'architecture
QUAND PARTIR
Pour la Saint-Patrick évidemment, qui a lieu chaque année le 17 mars. Pour la SaintValentin ensuite, pour la simple et bonne raison que ses reliques sont conservées en l’église des Carmélites Whitefriar Street, Dublin 2. Et toute l’année sinon, son climat océanique vous promettant les quatre saisons tous les jours, dont 250 sous la pluie.
AVANT DE PARTIR
Quelques films à voir: L’Homme tranquille de John Ford tourné en 1952 sur la côte ouest, Le Vent se lève de Ken Loach sorti en 2006 et tourné dans le Comté de Cork, Le Cheval venu de la mer de Mike Newell tourné à Dublin et dans le Connemara, sorti en 1992, et enfin Gens de Dublin de John Huston sorti en 1987, adaptation du recueil Dubliners de James Joyce, à lire aussi évidemment ainsi que quelques ouvrages de W.B Yeats, Oscar Wilde, Samuel Beckett ou encore Jonathan Swift, tous originaires de l’ile.
LIENS UTILES
www.tourismirland.com
www.irlande.com
www.dublintown.ie
www.guide-irlande.com
www.ml-tours.com