Rédigé par Raphaëlle Saint-Pierre | Publié le 10/03/2020
Il y a dix ans, Stéphanie et Cédric, qui se sont rencontrés lors de leur master en paysage, décident de reprendre l'exploitation agricole familiale de Cédric. À 900 mètres d'altitude, le domaine comprend un hameau entouré de forêts, de prairies et de landes à bruyères où le couple se consacre au maraîchage, à l'élevage de brebis et à la récolte des myrtilles. Désireux de construire une maison plus confortable que les anciennes bâtisses, ils se tournent vers Simon Teyssou, installé non loin, dans le Cantal. Ils désirent une habitation petite et compacte, avec des références très précises dans leur cahier des charges : le chalet de Charlotte Perriand à Méribel, l'architecture japonaise et les lits-clos de la région.
« J'avais carte blanche pour positionner [la maison] au sein du hameau dont ils sont les seuls habitants à l'année. Son inscriptions'est faite dans la relation au paysage, en se raccrochant à des murets existants qui relient les volumes entre eux et définissent des parcours et des enclos. Son emplacement permet aussi de garder un œil sur les allers et venues des visiteurs qui se rendent à la boutique, en contrebas », raconte l'architecte. Orientée plein sud et décollée du sol sur un terrain légèrement en pente, elle embrasse la vue splendide sur les pâturages et les monts des Monédières. « Elle contraste avec ses voisines en pierre qui semblent faire partie de la roche » , ajoute Simon Teyssou.
FILIÈRE BOIS
Ce parallélépipède de 92 mètres carrés est entièrement constitué de bois du Massif central, y compris ses fenêtres. L'agence, qui connaît parfaitement la filière locale, travaille en circuits courts avec tous les acteurs du projet.
« De nombreux gisements arrivant à maturité, le douglas est devenu une ressource très intéressante pour construire, en structure comme en bardage. »
Clin d'œil à l'architecture japonaise, la charpente très simple résulte d'un empilement à 90 degrés d'un réseau principal de poutres en lamellé-collé, avec une trame de 2 mètres dans la direction nord/ sud, et d'un réseau est/ouest avec une trame d'un mètre. Suivant le rythme de la charpente, les façades sont plus ou moins vitrées en fonction des orientations et de l'ensoleillement recherché. Les grands débords de toiture assurent une protection contre les rayons les plus chauds et abritent une coursive à la japonaise qui ceinture l'habitation. « Nous ne mangeons pas à l'extérieur car nous travaillons dehors. C'est une terrasse pour prendre un café, assis sur le bord », précisent Stéphanie et Cédric.
AUTOCONSTRUCTION
« Nous avions l’idée d’une seule pièce pour vivre ensemble, sur laquelle tous les espaces seraient connectés, sans portes ni véritables chambres. C’est une maison évolutive, pour un temps long, car ici les enfants vont à l’internat dès le lycée », explique le couple. « C’est stimulant pour un architecte d’être poussé par ses clients à réinterroger le programme type d’une maison, l’usage des espaces et la valeur d’un plan assez conventionnel », apprécie Simon Teyssou. Réduits au minimum, les espaces de couchage des enfants, la salle de jeux et la salle de bains se succèdent au nord. Au sud, s’étendent le bureau et la pièce commune, contenant d’un côté la cuisine et de l’autre les tatamis sur lesquels les parents déplient leur futon le soir venu. Encastré dans un mur en terre qui apporte un peu d’inertie thermique, un petit poêle suffit à chauffer les lieux, grâce à l’enveloppe performante et aux apports solaires. Pour réduire le budget, Cédric mène une grande partie du chantier en autoconstruction. L’agence assure le suivi du clos couvert, de la maçonnerie, de la structure bois, des menuiseries extérieures et de la zinguerie, tandis que le propriétaire se consacre à la dalle en bois, la terrasse et ses fondations, le bardage, l’étanchéité, la toiture végétalisée et l’intérieur. L’agence lui a fourni des plans très détaillés qu’il a strictement respectés. « Nous sommes dans la logique d’une maison meuble où l’on travaille partout à une échelle assez fine », dit Cédric. Depuis, la collaboration avec Simon Teyssou se prolonge. Prochaines étapes : la bergerie et la boutique.
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FICHE TECHNIQUE
♦ architectes Atelier du Rouget Simon Teyssou et associés
www.atelierarchitecture.fr
♦ localisation Chaumeil (19)
♦ livraison 2017
♦ études 4 ans
♦ travaux 8 mois (clos et couvert)
♦ surface 92 m² SDP
♦ coût des travaux 180 000 euros (hors honoraires architecte et études bois et sol)
♦ matériaux douglas du Tarn (structure) / QUARTZ-ZINC® de chez VMZINC (couverture débords de toit) / toiture végétalisée (couverture) / mélèze du plateau de Millevaches (parquet) / douglas purgé d'aubier de Corrèze (bardage, lattage, cloisons, terrasses) / pin sylvestre du Puy-de-Dôme et de Haute-Loire (menuiseries extérieures) / panneaux 3 plis pin (aménagements intérieurs)