Colonisée et renommée Raguse par les Romains, progressivement occupée par les peuples slaves des Balkans, entrée dans l’orbite de l’Empire byzantin au IXe siècle, délimitée par des remparts au XIIIe siècle afin de repousser les attaques extérieures, dominée par Venise de 1205 à 1358, victime d’un séisme en 1667 qui explique sa reconstruction en pierre dans un style partiellement baroque, envahie par les troupes de Napoléon puis par celles de l’Empire austro-hongrois, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, bombardée dans le cadre des guerres de Yougoslavie (1991-2001), la ville de Dubrovnik jouit d’un patrimoine hors du commun qui justifie l’attrait qu’elle a toujours exercé sur ses visiteurs et ce, bien avant de devenir l’un des lieux de tournage privilégiés de la série Game of Thrones. Il faut dix minutes à peine pour la traverser, de la porte est à la porte ouest, et vice versa. Seulement, la concentration de monuments entre ces deux repères est telle qu’un week-end n’est pas de trop pour explorer la destination et ses environs : du monastère dominicain à son pendant franciscain, en passant par l’église Saint-Blaise, le palais Sponza, la cathédrale, la statue de Marin Držić (le Shakespeare croate) et la balustrade XVe aux intervalles murés à mi-hauteur pour qu’autrefois personne n’observe les chevilles des femmes dans leur montée ou dans leur descente. En avant !
DE HAUT EN BAS
Si vous ne les terminez pas, vous devez commencer par eux. Les remparts sont une étape obligée qui permet de découvrir la ville sous différentes facettes et de mieux en comprendre la géographie. En contrebas, ce n’est pas bien difficile : il s’agit d’aller de la porte Pile à la porte Ploče (ou l’inverse !), que 300 mètres environ séparent. La rue principale qui les relie s’appelle Stradun, ou Placa. Elle doit son apparence actuelle au séisme de 1667 : aux premières maisons en bois ont succédé des bâtiments en pierre, dont la plupart ont en partie survécu aux bombardements des guerres de Yougoslavie.
© Sergio Gobbo
DEUX MONASTÈRES COMPLÉMENTAIRES
Est, ouest. Les contraires s’attirent. Au XIIIe siècle, les Dominicains vinrent prêcher la bonne parole du côté de la porte Ploče, suivis de près par les Franciscains, qui haranguaient leurs fidèles au pied de la porte Pile. À ces extrémités respectives, chaque confrérie construisit un monastère. Le premier s’articule, dans une cour intérieure bordée d’orangers et de palmiers, autour d’un puits qui, durant le siège de Dubrovnik (1991-1992), était la seule source d’eau potable de la ville. Le second abrite un charmant cloître gothique, une bibliothèque, ainsi qu’une pharmacie, la troisième plus ancienne du monde.
© DR
© DR
PATRONS MIRACULÉS
Une vingtaine de sculptures de Saint-Blaise jalonnent les rues de Dubrovnik. Deux se trouvent sur la façade et sur l’autel principal de l’église du même nom, édifiée en 1715 par l’artiste vénitien Marino Groppelli sur les ruines d’une construction romane, épargnée par le séisme de 1667 mais dévastée par un incendie en 1706. Sur le parvis trône la colonne d’Orlando, chevalier médiéval évoqué dans le poème épique La Chanson de Roland. Cette effigie, actuellement restaurée sous les yeux des passants, symbolise l’indépendance. Rkt. crkva sv. Vlaha, Luža ul. 2, 20000, Dubrovnik
© Luka Esenko
UN TEMPLE DE L’ART MODERNE
Dans cette ancienne maison d’armateur se cache, depuis 1948, un musée d’art moderne réputé pour sa terrasse peuplée de sculptures, avec vue sur le port et les remparts. Au total, le MOMAD conserve près de trois mille oeuvres allant de la fin du XIXe siècle à nos jours. Son directeur, Tonko Smokvina, est lui-même artiste. Au premier étage, les toiles du portraitiste Vlaho Bukovac tutoient des paysages de Celestin Medović. Les expositions temporaires honorent des talents émergents et des stars internationales, comme Jan Fabre, Alberto Giacometti et Andy Warhol. Ul. Frana Supila 23, 20000, Dubrovnik
© Adrian Luxury Hotel
TROIS CATHÉDRALES EN UNE
Dans la vieille ville, listée au patrimoine mondial de l’Unesco, s’inscrivent notamment le palais du Recteur, qui fut aussi une armurerie, un arsenal, une prison, et, juste en face, une cathédrale XVIIIe aux multiples facettes. Sa restauration, en 1979, due à un séisme dévastateur, fut l’occasion de découvrir, enfouis sous les ajouts baroques des architectes romains Andrea Buffalini et Paolo Andreotti, les vestiges d’une basilique byzantine des VIe et VIIe siècles et d’une église romane bâtie entre le XIIe et le XIVe siècle. Il serait question d’y construire un musée pour expliquer ces superpositions. Affaire à suivre…
© ALH Hotel Excelsior
CHAMBRES AVEC VUE
Inauguré en 1913, l’hôtel Excelsior a accueilli les grands de ce monde, de la reine Élisabeth II à Elizabeth Taylor, en passant par Margaret Thatcher, Catherine Deneuve, mais aussi les stars de la série Game of Thrones. La grande villa d’origine est désormais reliée à une aile contemporaine baptisée La Tour. L’ensemble a été rénové en 2016 sous l’égide du studio croate Franić & Šekoranja. Le plus grand atout de ce cinq-étoiles, affilié au groupe Adriatic Luxury Hotels et labellisé Small Luxury Hotels of the World ? La majorité de ses 158 chambres donne sur la mer. Une plage privée, entièrement pavée, y donne accès. Entre deux baignades, rendez-vous au restaurant Sensus et au spa Energy Clinic. Ul. Frana Supila 12, 20000, Dubrovnik www.adriaticluxuryhotels.com
© ALH Hotel Excelsior
INFOS PRATIQUES :
COMMENT Y ALLER ?
La compagnie Transavia dessert la destination sans escale. Il faut compter deux heures de vol.
OÙ BOIRE UN VERRE OU GOÛTER ?
Milk.
L’intérieur coloré de ce bar est inspiré du club londonien Annabel’s, conçu par Martin Brudnizki. La playlist est une valeur sûre. Parmi les cocktails signature, le Skyfall (Jack Daniel’s, amaretto maturé dans du caviar) et l’Elton John (tequila, liqueur de pêche, sirop passion et jus de citron) font l’unanimité. www.milk-dubrovnik.com
Peppino’s.
Il y en a des glaciers à Dubrovnik ! Celui-ci fait partie des meilleurs. Tout le monde le dit. Chocolat ou café pour les puristes ; caroubier-figue ou abricot-crostata pour les curieux. Quid des parfums Raffaello et Mozart ? www.peppinosgelato.com
OÙ MANGER ?
Posat.
Situé juste au sortir de la porte Ploče, ce restaurant est né d’une profonde amitié entre Mario Ševelj et Ivica Udženija, anciens de l’hôtel Excelsior. Sophia Loren, Roger Moore, Marlon Brando ont compté parmi ses hôtes les plus prestigieux. Les légumes viennent tout droit du potager du chef. Ne pas hésiter à commander du poisson. Ul. uz Posat 1, 20000, Dubrovnik www.posat-dubrovnik.com
Gradska kavana Arsenal.
Ancrée à l’emplacement d’un ancien chantier naval, cette table existe depuis 1895 ! Vue sur le port d’un côté ; vue sur la place Luža et ses monuments emblématiques de l’autre. Poissons en papillote, viandes grillées, options végétariennes… Le menu s’avère des plus raffinés et complets. www.nautikarestaurants.com gradska-kavana-arsenal
OÙ SE RENSEIGNER ?
Sur le site de l’office de tourisme : www.visitcroatia.net