La série Museum of the Revolution montre les grandes capitales africaines dans toute leur banalité - pas de misère ni d'exotisme, mais des passants, des voitures, des immeubles, des palmiers et des affiches publicitaires, que chacun pourra interpréter comme il l'entend.
Né à Johannesbourg en 1962, le photographe à la peau blanche, qui milite contre l'apartheid, se lance dans le photojournalisme au milieu des années 1980. C'est son confrère David Goldblatt, autre grand professionnel sud-africain, qui l'incitera à photographier en « homme libre, sans céder au manichéisme des bons d'un côté et des méchants de l'autre ». En résulte une œuvre qui tend vers la neutralité, refuse le spectacle et s'écarte ainsi des clichés. Après une carrière aux agences Reuters et France-Presse, Guy Tillim s'en éloigne dans les années 2000 pour se réapproprier son art, laisser ses sujets se montrer comme ils sont. Sorte de pleine conscience de la photographie, puissante, sans jugement ni a priori.
Pour réaliser la série présentée en ce moment à Paris, l'auteur s'est simplement placé sur un trottoir, immortalisant les passants traversant son cadre.
Les photos sont ensuite regroupées pour créer des polyptyques, introduisant ainsi une dimension de temps et de mouvement, et intensifiant le dynamisme de la ville. D'aucuns verront dans ces créations un travail sur les effets de la décolonisation dans les grandes métropoles africaines -Johannesbourg, Durban, Maputo, Beira, Harare, Nairobi, Kampala, Addis-Abeba, Luanda, Libreville, Accra, Abidjan, Dakar et Dar es Salam -, ce qu'il reste de ce passé et comment s'affirment les nouvelles orientations politiques, économiques et sociales dans la ville d'aujourd'hui. D'autres y verront simplement des villes africaines ressemblant à n'importe quelles autres métropoles, revendiquant par là toute leur normalité.
► Actualité parue dans Architectures À Vivre 107 spécial Maisons particulières