Ces quelques mètres carrés - toujours précieux en centre-ville, plus encore à Paris - pourraient être mis à profit d'une bien meilleure manière. Oui, mais laquelle ? Telle est la question qu'il soumet aux architectes, car s'il est conscient du potentiel du lieu, il ne parvient pas à en définir le programme. C'est au fil des échanges et en comprenant mieux comment il investit son habitation au jour le jour, que le duo lui propose d'y installer son bureau, lui qui exerce son activité créative à la maison. Et quoi de plus inspirant que de profiter aussi d'un espace extérieur, bouffée d'air bienvenue au milieu des toits de ce quartier dense ?
RÉPONSE DES ARCHITECTES
Si le programme est bien scindé en deux (un espace de travail de 19 mètres carrés prolongé par une terrasse de 15 mètres carrés), l'ensemble est pensé comme un tout, l'un enrichissant l'autre. Une nouvelle toiture, surélevée par rapport à celle de l'ancien grenier, reprend les gabarits alentour. Tel un masque, une singulière structure d'épines de zinc et de lamelles en bois orientables intrigue autant qu'elle unifie la façade sur rue, orientée plein sud. Son calepinage au rythme régulier permet de jouer sur les degrés d'intimité et de lumière. Depuis le rez-de-chaussée, le cheminement est une succession de séquences et de cadrages pour aboutir à l'espace de travail. Pensée comme une boîte épurée, la pièce se révèle autant belvédère que refuge intimiste. La différence de niveau conservée (les planchers existants étaient décalés de 1,30 mètre) participe pleinement à la mise en scène théâtrale des lieux. Des « coulisses » du bureau, on accède à la « scène » extérieure via un escalier placé dans le prolongement du bloc de la bibliothèque en médium, dessinée sur mesure et sur laquelle semble prendre appui la terrasse. Spectaculaire, la baie vitrée au biais assumé est une focale sur le dehors.
DÉTAILS
Pour entretenir l'idée d'une boîte dépouillée, les architectes ont fait le choix de fenêtres à ouvrants cachés et à paumelles invisibles : ainsi rien ne vient perturber la façade intérieure qui conserve sa planéité. Toujours dans cet esprit, la palette de matériaux et de couleurs est réduite au minimum. Des lignes appuyées - les tranches de la bibliothèque, les appuis de fenêtres, les menuiseries de la baie -viennent souligner et mettre en tension le volume. L'équilibre des lieux est aussi histoire de proportions et de détails, à l'image des élégants garde-corps, du léger décollement du sol de la bibliothèque pour atténuer sa présence, de la descente d'eau pluviale astucieusement intégrée en façade ou encore des rangements dissimulés sous l'escalier. Des solutions parfaitement ajustées par les architectes, en collaboration étroite avec l'entreprise qui a parfaitement joué le jeu de cette précision poussée grâce à la préfabrication en atelier d'un certain nombre d'éléments. À coup sûr de quoi trouver l'inspiration !
⇒ Article paru dans Architectures À Vivre 104 : Maison, Tendances 2019
Actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne
FICHE TECHNIQUE
♦ architectes Anne-Laure Dubois Architecte et Marc Ordureau Architecte
www.aldubois.com
www.facebook.com/marcordureauarchitecte
♦ localisation Paris (18e)
♦ bâti d'origine fin XIXe siècle
♦ livraison mai 2018
♦ études 12 mois /
♦ travaux 6 mois
♦ surfaces 19 m² (bureau) + 15 m² (terrasse)
♦ coût des travaux 130 000 euros HT
♦ matériaux bois (structure bureau) / zinc naturel (couverture, bardage, évacuations, revêtements extérieurs) / aluminium anodisé (menuiseries extérieures) / douglas (brise-soleil, sol extérieur, main courante) / pin naturel (sol intérieur, escalier , tablette supérieure bibliothèque) / médium laqué blanc (bibliothèque) / acier (structure terrasse) / acier galvanisé (garde-corps côté cour) / câbles inox (garde-corps côté rue)
♦ fournitures interrupteurs en nickel brossé 13335 Meljac / prises de courant électrique LS 990 Jung / lames bois orientables Tamiluz / câbles inox Jakob / châssis à ouvrants cachés et paumelles invisibles K-Line / radiateurs Floréal Chappée