Lorsqu'il dessine sa première cheminée en 1967, Dominique Imbert ne se doute pas que plus de 50 ans plus tard, son travail serait mondialement connu et exposé au Guggenheim de New-York. Dans son petit atelier de Viol-le-Fort au pied des Cévennes, il fabrique alors pour son usage personnel l'Antefocus : un modèle suspendu qui fait maintenant figure de prototype mais se distingue déjà par son style futuriste. Toutefois, le jeune sculpteur se prend au jeu et imagine l'année suivante le Gyrofocus, dont le design plus abouti sonne le début d'une aventure qui dure encore aujourd'hui. Au fil des années, ce modèle iconique, puis beaucoup d'autres, seront sélectionnés par des architectes contemporains, tels que Paola Navone, le Studio MK27, ou encore Norman Foster pour qui l'entreprise imagine Filiofocus en 2000, un modèle filiforme installé sous 14 mètres de hauteur sous plafond.
S'il reste aujourd'hui à la tête de Focus, Dominique Imbert en a confié la direction à Jean-Marc Chalier et Laurent Gaborit depuis 2015. Et les deux hommes ont à cœur de poursuivre cette trajectoire hors du commun. « À l'image de l'entreprise, nos produits sont de vrais ovnis sur le marché de la cheminée, au point qu'on ne sait pas toujours dans quelle case les mettre. Sans doute quelque part entre cheminée, sculpture chauffante et élément de mobilier convivial. Mais il suffit d'un coup d'œil pour en reconnaître la griffe » , souligne Laurent Gaborit. Selon lui, cette singularité s'explique par une méthodologie très différente de la concurrence : « Pour chaque nouveau modèle créé, nous inventons une chambre de combustion. Alors que tous nos confères font exactement le contraire en mettant d'abord au point cette chambre avant de l'habiller. »
Une primauté du design qui n'empêche pas Focus de garantir la parfaite sécurité de ses produits (qui ne peuvent être installés que par des partenaires formés) et leur conformité aux normes environnementales. Et avec plus de 50% de son activité à l'export, le respect des réglementations locales relève souvent du casse-tête. « Nous sommes présents dans plus de 80 pays où le curseur n'est jamais au même endroit, si bien que nous devons adapter chaque cheminée en fonction de sa destination » , explique Laurent Gaborit.
Pour parvenir à une telle flexibilité technique, Focus conserve un processus de fabrication partiellement artisanal. Dans son usine de Cavaillon, acquise en 1993, la tôle est meulée, pliée, soudée, sablée et peinte entre des mains expertes avant de devenir une cheminée unique en son genre. « On est à la croisée des chemins entre l'usine moderne robotisée et l'artisan qui travaille à la main » , résume le co-directeur. C'est aussi ce travail d'orfèvre qui a permis à Focus de cultiver un design si singulier au gré des nouveaux modèles venus étoffer son catalogue.
Pourtant la marque s'est dernièrement lancée de nouveaux défis en développant une version gaz de son célèbre Gyrofocus. « C'est un grand bond pour une entreprise comme la nôtre car changer d'énergie, c'est un peu changer de métier. Cela nous a demandé beaucoup d'investissement » , confie Laurent Gaborit. Loin de s'arrêter là, Focus s'attaque déjà à un autre challenge et annonce pour 2021 son tout premier modèle électrique doté de flammes holographiques ! On est futuriste ou on ne l'est pas.
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