« Lorsque l'on dessine pour des éditeurs, des marques, tout est souvent fabriqué très loin, raconte Margaux Keller, et notre lien avec les utilisateurs est quasi inexistant. C'est assez frustrant. Et puis il me paraît aujourd'hui important de s'interroger sur le sens de tout cela, sur la légitimité des objets qui nous entourent. Je suis convaincue qu'il est possible de faire autrement, de façon plus raisonnée, en faisant attention à la provenance et à la production, aux trésors de savoir-faire que recèle un territoire. Près de Marseille, sont installés d'incroyables céramistes, maîtres verriers, miroitiers… »
C'est dans ce contexte, et avec l'envie de dessiner en toute liberté, qu'est née la collection Vue mer, premier acte de la marque créée par la designer cette année, en collaboration avec Anaïs Frétigny. Hualos, Garibabou, Belu, Maré, Ormeau : autant d'objets du quotidien (vases, miroirs, salière et poivrière) qui racontent la méditerranée, ses textures, ses couleurs et les savoir-faire de ceux qui les fabriquent. « Nous faisons les choses à petite échelle, poursuit la designer, de façon humaine, en série limitée parce que ce ne sont que de petites productions. Nous souhaitons que les objets soient rares, et le restent. » Les modèles (dont les prix sont compris entre 180 et 1 580 euros) sont produits à trente exemplaires. Chaque pièce est poinçonnée, livrée avec un certificat d'authenticité, et minutieusement enveloppée dans un furoshiki, un chiffon japonais qui servait jadis à emballer les biens précieux, puis les objets du quotidien au pays du soleil levant. Le coton est bio, les motifs, imaginés par Margaux Keller.
« Il peut resservir ! On essaie de limiter les emballages et les papiers bulles. Il est temps d'arrêter de faire n'importe quoi », sourit la créatrice.
À savoir : la seconde partie de la collection, une lampe inspirée du phare de l'île de Planier au large de Marseille, et un vase évoquant les morceaux de verre dépoli que l'on ramasse sur la plage seront présentés en avant-première au magasin Printemps pendant Paris Design Week.
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