La capitale thaïlandaise est soumise à une importante urbanisation pour répondre à la demande croissante de logements, au détriment des espaces verts. Cette forte densité entraînant notamment une augmentation de la pollution de l'air, l'agence Shma basée à Bangkok décide à l'occasion de la construction d'une maison individuelle d'en faire un cas d'étude : « Le projet est une recherche visant à trouver un moyen -nécessitant peu d'entretien - de ramener la végétation dans une habitation privée, tout en maximisant la surface du terrain » , expliquent les architectes. Pour cela, ils construisent la quasi-totalité de la parcelle de 12 mètres par 24 et élèvent la bâtisse sur trois niveaux. Chaque étage, plus petit que le précédent, permet d'aménager de spacieuses terrasses plantées. Et généreusement plantées puisque les concepteurs sélectionnent 120 arbres de plus d'une trentaine d'espèces endémiques différentes : des arbres à fleurs comme le magnolia, des arbres fruitiers avec des groseilles étoilées, des arbres à feuilles persistantes tel le margousier ou encore des herbes et légumes thaïlandais de type piment, fruit de la passion ou citronnelle. Une véritable forêt urbaine qui peut assurer les besoins en oxygène de 240 personnes - à raison de 685 litres d'O par jour produit en moyenne, selon les concepteurs.
Mais, comme Rome, cette forêt ne s'est pas faite en un jour. L'agence a choisi de petits plants qui ont atteint leur taille définitive plus de deux ans après la livraison de la maison, signe d'une plus grande pérennité végétale. C'est dans des jardinières d'un 1,5 mètre de profondeur que « seuls des arbres âgés de moins de 2 ans avec un tronc de moins de 3 centimètres ont été plantés, car leur jeune système racinaire avait plus de chance de s'adapter aux limites du sol » . Et pour éviter que les sept habitants ne soient contraints d'arroser chacune de ces plantes, les architectes ont prévu une irrigation goutte à goutte via des tubes perforés traversant la couche supérieure de la terre. Seule une taille trimestrielle est requise pour laisser la place aux arbres à croissance lente, permettant également à la famille de contrôler la porosité des frondaisons : au 1er étage, une jardinière est placée devant la chambre côté rue pour lui assurer une plus grande intimité et au 2e étage, végétaux et garde-corps abritent des regards indiscrets un espace extérieur prévu pour manger et étendre le linge. Au sein d'un milieu très dense et dans un volume contraint, ce projet arrive à réconcilier architecture et nature.
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